« Dans une société traversée par de profondes mutations, comment construire une parole protestante axée sur la confiance ? » Plus qu’une question, il s’agissait d’un défi lancé par le président de la Fédération protestante de France (FPF), Christian Krieger, aux acteurs fédératifs, pasteurs, délégués laïques, théologiens et autres invités, réunis le dernier week-end de janvier à Sète. L’occasion de dévoiler le nouveau logo de la FPF – une croix huguenote traversée d’une colombe – bien accueillie par les participants – avec ce slogan « Protestants, engagés au cœur de ce monde ». Mais deux jours, même denses, avec des intervenants de haut vol, n’ont pas suffi à aller au bout de ce débat. Réalisé au cœur de Paris, un micro-trottoir avait secoué l’assistance. « Protestants ? Connais pas ! » avaient avoué jeunes et moins jeunes. Quant au sondage Ifop, ses premiers résultats confirment, à 14 ans d’écart avec le précédent, une accélération de la redistribution des cartes au sein des Églises issues de la Réforme. Si les protestants représentent toujours 2 % de la population, les luthéro-réformés et libéraux passent de trois-quarts à deux-tiers, contre un bon tiers – et même plus – pour les évangéliques. L’étude confirme aussi une baisse de la fréquentation des cultes et de la lecture de la Bible chez les « historiques ». Va-t-on vers « l’affirmation d’un protestantisme culturel ? » s’est alarmé le président Christian Krieger. En revanche, et le représentant de l’État Vincent Ploquin l’a relevé comme un encouragement, les protestants se singularisent par un engagement fort dans les associations et les partis politiques. Pour autant, par leurs votes et leurs positions sur les questions sociétales, ils se rapprochent des autres Français. Même si on retrouve sur la constitutionnalisation de l’IVG et la fin de vie le traditionnel clivage entre luthéro-réformés et évangéliques. Le président de la FPF, qui avait invité les dirigeants du Conseil national des évangéliques de France, a annoncé la parution d’un ouvrage analysant en profondeur et par régions les 250 pages du sondage. De quoi alimenter aussi les réflexions en Alsace et en Moselle. À Sète, l’Uepal était représentée par une forte délégation, conduite par la présidente Isabelle Gerber et les vice-présidents Pierre Magne de la Croix et Jean-Luc Sadorge.
Yolande Baldeweck
Février 2025