Une lumière dans la brume…
Claude Monet : « Impression soleil levant »
En regardant ce tableau de Claude Monet, le critique du journal satirique Charivari s'était exclamé en 1874: "Que représente cette toile ? Impression, impression ! Je me disais aussi : si je suis impressionné, c'est qu'il doit y avoir de l'impression là-dedans ! "; c’est à la suite de cette remarque moqueuse que Monet et ses amis ont appelé leur école l’impressionnisme.
Qu'y a-t-il donc dans ce tableau qui ait pu provoquer un tel scandale ? Eh bien cette façon de peindre rompait totalement avec l'art officiel, l'académisme de l'époque. L'académie décidait des sujets que les artistes pouvaient représenter et fixait les règles de ce qui était beau et de ce qui ne l'était pas, il fallait imiter les maîtres anciens, chercher la perfection dans la ressemblance !
Or, lui, ce qu'il avait envie de représenter, ce n’était pas une perfection figée, c'était la vie, le mouvement, capter la lumière fugace de l'aurore, les petits reflets de lumière qui dansaient sur l'eau…Il voulait laisser un peu de place à l’imagination du spectateur.
De l’imagination, il en faut, car avec toutes ces petites taches de couleur et ce vaste fondu de bleu, il est bien difficile de distinguer la frontière entre le ciel et la terre, tout comme il nous est parfois difficile de distinguer le vrai du faux, le bien du mal…
Alors que notre regard se perd, voilà qu'il est attiré par une frêle embarcation, qui semble perdue dans le halo du petit jour. Arrivera-t-elle à bon port?
Qu'est-ce que l'être humain ? Si petit, si fragile…Nous naviguons tous dans des eaux troubles, ne sachant pas si nous suivons la bonne direction ou si les courants nous emportent là où nous ne voulions pas aller.
Eh bien ce tableau semble nous dire que non : tel ce beau soleil de l'aurore qui perce la brume épaisse, il y a toujours une Lumière qu’il nous appartient de discerner et qui peut en toute circonstance éclairer notre chemin.
Eva Clapiès