Une Crucifixion à déchiffrer…
Pablo PICASSO : « La crucifixion » (1930)
Pablo PICASSO (1881-1973) ne saurait être qualifié de « bon paroissien », il se disait même franchement athée, et pourtant il s’est intéressé au thème de la crucifixion.
Ici il s’agit d’une œuvre très personnelle, restée cachée dans l’atelier de Picasso et découverte seulement après sa mort. Pourquoi ce secret ? Peut-être parce que ce tableau exprimait de façon particulièrement intense la souffrance psychologique de son auteur. Au début des années trente, Picasso se débattait en effet au milieu d’une terrible crise conjugale. Et il éprouva le besoin de représenter cette crucifixion pour exorciser ses angoisses et trouver la paix. Cette crucifixion, c’était la sienne !
En le regardant attentivement, on retrouve dans ce tableau les motifs de l’iconographie traditionnelle, mêlés d’éléments originaux sortis de l’imagination de l’artiste.
Le crucifié est au milieu du tableau, blanc comme un linceul, sur fond noir, menacé par un monstre prêt à le dévorer. De part et d’autre, le soleil et la lune, pour signifier le combat entre la lumière et les ténèbres, entre la vie et la mort.
De chaque côté également, on reconnaît (si l’on peut dire !) deux figures de femmes : Marie-Madeleine et la Vierge Marie, ou ne sont-elles pas plutôt les deux femmes qui perturbaient la vie de l’artiste, Marie-Thérèse Walter son modèle, et Olga son épouse ?
A gauche de la croix, une grande masse verte, c’est l’éponge imbibée de vinaigre. Sur l’échelle, un personnage cloue la main du Christ. Un picador, inspiré du folklore de l’Espagne natale du peintre, représente le soldat qui avait percé le flanc de Jésus d’un coup de lance.
Au bas du tableau, à gauche, gisent deux corps disloqués : ceux des deux larrons descendus de leurs croix.
A droite, deux autres personnages jouent aux dés. Mais le Christ a un visage apaisé, presque souriant : le chaos et la mort n’auront pas le dernier mot.
Au XXème siècle, l’art européen était devenu totalement indépendant de la religion, mais les références chrétiennes ont persisté, même si c’était pour dire le refus d’une certaine idée du christianisme ou de l’Eglise. Mais qu’ils le reconnaissent publiquement ou non, bien des peintres contemporains sont en réalité, tout comme leurs prédécesseurs, d’authentiques chercheurs de Dieu.
Eva Clapiès
Image à regarder sur le site :
https://www.wikiart.org/en/pablo-picasso/crucifixion-1930