Vincent VAN GOGH : « Nuit Etoilée » (1889)
Van Gogh réalisa cette Nuit Etoilée à Saint-Rémy-de-Provence, des bougies posées sur le rebord de son chapeau peut-être, comme il faisait parfois lorsque l’obscurité commençait à tomber. Un petit village tranquille est assoupi au flanc d’une colline, avec son église au milieu ; un grand cyprès ondoie au premier plan. Mais c’est le ciel immense et vivant où virevoltent les étoiles qui est le personnage principal du tableau.
Van Gogh était féru d’astronomie. Grâce aux prouesses de la science et de la technique, on a pu démontrer qu’à la date de réalisation de cette oeuvre, soit précisément le 25 mai 1889, le ciel au-dessus de Saint-Rémy-de-Provence avait présenté une configuration identique à celle du tableau : la brillante Vénus (à droite du cyprès), le croissant de lune, les étoiles, sont à leur place exacte. Quant au grand tourbillon central, il s’agit d’une nébuleuse invisible à l’œil nu, mais dont le peintre avait vu la première photographie dans une revue de vulgarisation.
Mais Van Gogh était aussi connaisseur en théologie. La foi chrétienne était importante pour lui, mais il préférait l’exprimer à travers des motifs tirés du quotidien et de la nature car il n’aimait pas le langage religieux un peu mièvre de son époque. La Nuit Etoilée est donc aussi un paysage spirituel. Le cyprès au premier plan et le clocher de l’église sont les seuls éléments verticaux du tableau, en contact avec le vaste ciel. Or tous deux symbolisent le passage de la mort à la vie éternelle, faisant le lien entre la vie terrestre et la vie « céleste », sa composante matérielle et sa vocation spirituelle. La Nuit Etoilée nous parle, à travers la beauté fascinante et mystérieuse du cosmos, de la puissance créatrice et rédemptrice de Dieu. Elle évoque aussi la lutte de l’artiste contre les ténèbres de l’âme et son combat pour ne jamais oublier la lumière des instants de bonheur, comme une invitation à l’espérance.
Eva Clapiès