Vincent Van Gogh : Rameau d’amandier en fleur (1890)
La recherche actuelle dévoile peu à peu le vrai visage de Van Gogh, beaucoup plus intéressant que toutes ces anecdotes un peu misérabilistes que l’on a colportées sur sa vie. On découvre en réalité un homme sensible et cultivé, sincère et plein d’humour. La foi chrétienne était importante pour lui qui aurait voulu devenir pasteur dans sa jeunesse. Mais il ne se satisfaisait pas du langage religieux tantôt mièvre, tantôt culpabilisant, du XIXème siècle. Il préférait recourir à des motifs tirés du quotidien et de la nature. Ses paysages sont des paysages spirituels, qui racontent la lutte de l’artiste contre les ténèbres de l’âme, mais surtout, son combat pour ne jamais oublier les moments de joie.
Ce « Rameau d’amandier en fleur » est un comme un élan vers le ciel. Cette œuvre exprime l’émerveillement du peintre devant la générosité et la beauté de la création. Et pourtant…Van Gogh a réalisé ce tableau six mois avant sa mort, alors qu’il était épuisé par la maladie. Mais voilà : il venait de recevoir une bonne nouvelle, un petit neveu lui était né, et il voulait lui faire un cadeau. Alors Van Gogh a mobilisé toutes ses forces pour peindre une dernière fois, la tête levée vers le ciel, sans rien voir d’autre autour de lui : de l’arbre il n’a voulu montrer que l’essentiel, l’union des fleurs et du ciel, du périssable et de l’éternel.
L’artiste exprime ici une véritable expérience spirituelle : à la fois l’enracinement de l’homme dans la vie terrestre et son élan vers Dieu. Voyez les branches de l’arbre : le vieux bois se ramifie en jeunes pousses qui s’élancent à la verticale et produisent de nouvelles fleurs chaque année, comme autant de résurrections ! En lui faisant cadeau de ce tableau, le peintre voulait sans doute laisser au petit enfant ce dernier message : la joie toute simple de faire partie de la Création, et l’humble reconnaissance de savoir sa vie entre les mains de Dieu.
Eva Clapiès