Roman
C’était il y a trente ans. Une autre guerre meurtrière au cœur de l’Europe. Celle des Balkans, qui prend un relief particulier au moment où l’Ukraine est ravagée par les bombes. En février 1993, pour secourir les habitants de Sarajevo assiégée par les Serbes, un long convoi humanitaire partit de Strasbourg. Encore étudiant, Olivier Claudon fut l’un de ces courageux chauffeurs volontaires. De cette odyssée chaotique, le journaliste a tiré un roman qui nous projette dans l’ex-Yougoslavie et se lit d’une traite. On suit l’avancée du convoi sur les routes enneigées, avant de découvrir l’ambiance d’une ville en guerre. Un récit bien documenté, construit autour de deux destins. Celui d’un conducteur, Ludwig, enfant de La Meinau passionné de boxe et de combats moins avouables, et en face le sniper serbe Darko, qui rêve de tuer deux personnes d’une seule balle. On y croise quelques belles figures, un professeur amoureux de littérature qui voit son monde disparaître, un médecin et des journalistes qui tentent tous, vaille que vaille, de faire leur métier. « Salauds de nationalistes », lâche Ludwig, à la dernière page. Une réflexion toujours actuelle.
Yolande Baldeweck
La route de Sarajevo, d’Olivier Claudon, avec un éclairage de la diplomate Marie Paret, éditions La Nuée Bleue, 2023, 285 p., 23 €.