
Le jeune théologien suisse Elio Jaillet nous rend attentifs à la polysémie du mot « spiritualité », à son historique et à son succès contemporain ; jusqu’au au sein du protestantisme. S’appuyant, avec bonheur, sur un riche corpus multilingue ce livre se situe davantage du côté d’une philosophie (et même d’une sociologie) de la religion que de celui de la théologie. L’auteur essaye de percevoir la raison de l’essor du mot « spiritualité » pour en dégager des éléments de définition. « La spiritualité serait-elle l’accomplissement du destin de la religion » ou le symptôme de son déclin irrémédiable voire une « manière d’être religieux sans l’être » ? Le succès du terme vient heurter de front la fragilité actuelle des Églises historiques occidentales. Mot populaire, en réinvention permanente, il permet de redistribuer les frontières, d’ouvrir des espaces et d’établir un lien entre les identités humaines et chrétiennes.
Jean-Sébastien Ingrand
« Spiritualité ». Dire la transcendance en commun, d'Elio Jaillet, éditions Labor et Fides, 2024, 184 pages, 19 €.