L’exil et l’espoir

« Je viens de naître. J’ai mille ans. » Amal vient de naître à Karkar au Soudan. Un bébé métis, dont le nom signifie « espoir ». Sa mère décide de partir en France, pays du père qui ne reconnaît pas sa fille Amal. Ce roman du grand reporter Jean-Marie Quéméner raconte la migration du bébé avec sa mère, seule issue pour donner un meilleur avenir à l’enfant. La lectrice et le lecteur suivent cette histoire de migration avec le regard d’un bébé nouveau-né sur la diversité des situations vécues, parfois très dures, et en même temps avec l’expression d’une expérience de mille ans. Amal est dans une tension entre une découverte et une nouveauté et en même temps avec des yeux qui en ont trop vu. Sa sagesse sur l’humain, la vie, la mort, l’amour, l’amitié est fascinante et bouleversante. « J’ai mille ans. Les hommes confondent souvent destin et hasard, attribuant à l’un une fatalité aggravée par l’autre. Je sais désormais qu’ils ne trébuchent que sur leurs fautes et ne se relèvent qu’avec leur courage en béquille. La foi, la chance, les aléas de la vie…Tout n’est que superstition, grigri pour s’excuser de rester enfermé ou pour enfermer les autres. »

Petra Magne de la Croix

J’ai mille ans…, de Jean-Marie Quéméner, éditions Récamier, 2023, 213 p., 20 €.