
À chaque nouvelle aventure du détective Jules Meyer, Jacques Fortier évoque un épisode peu ou mal connu de l’histoire régionale. On croit connaître « le truc », et pourtant, pour la 9e fois, il parvient encore à nous surprendre. Nous voici en février 1937, sur le tournage du film La Grande illusion. Embauché par le réalisateur Jean Renoir, Jules va côtoyer Jean Gabin, Pierre Fresnay et Erich von Stroheim, à Colmar, au Haut-Koenigsbourg, et à Fréland. On sent, sous la plume de l’auteur, vibrer son affection pour ces artistes, mais ce roman n’est pas qu’un hommage d’admirateur. D’abord, comme toujours, l’enquête est soignée, et réserve son lot de surprises. Mais surtout, alors qu’au même moment les Juifs allemands sont privés d’allocations familiales, et que l’Italie interdit les mariages entre blancs et gens de couleur, Jacques Fortier fait revivre le plateau où l’on réalise, face au Rhin, un hymne pacifiste à la liberté et à la fraternité. Et il le fait avec art.
Pierre Marchant
La grande illusion de Jules Meyer, de Jacques Fortier, Le Verger Éditeur, 2024, 248 p., 12 €.