Fidèles, mais exigeants

Qui sont les quelques 100 000 lecteurs du Nouveau Messager ? Certains nous suivent depuis Le Messager évangélique. D’autres ont rejoint le cercle au fur et à mesure que leurs paroisses sont devenues partenaires du magazine. Tous ont des idées.

Rodolphe, 84 ans, est l’un des plus anciens distributeurs du Messager. En échange de quelques pièces, l’écolier de Bouxwiller distribuait l’hebdo entre 1945 et 1954 avec une kutsch, une charrette à main. Cet exilé du Pacifique – mais il y a pire exil que Tahiti –, est notre abonné le plus lointain. Installé comme architecte-urbaniste expert judiciaire depuis 1963 en Polynésie où il a construit de nombreux édifices religieux, il parcourait les articles que sa sœur lui envoyait, avant de s’abonner. Aujourd’hui, Le Nouveau Messager met une douzaine de jours pour lui parvenir, voire un mois depuis la pandémie qui le prive aussi de ses séjours en Alsace. « Il s’agit d’une revue agréable et lisible, avec des sujets variés pour intéresser une grande panoplie des générations», souligne Rodolphe. Avec Doris, sa nièce, qui vit à Tahiti depuis trente-sept ans, il commente Le Nouveau Messager et Les Cahiers de Veà Porotetani, le mensuel protestant de la Polynésie Française. « Comme le veut la vie moderne, Le Nouveau Messager se parcourt sans trop perdre de temps », soupire Rodolphe, qui « persiste à le lire en plusieurs fois ». Mais regrette qu’ « il n’y ait pas assez d’articles vraiment religieux ».

Mettre la Bible au goût du jour

Ce souhait rejoint celui de Christian, 63 ans, ancien garde-forestier, qui a été conseiller presbytéral et receveur de la paroisse où il vivait précédemment. « Deux mois entre deux numéros du Nouveau Messager, c’est long. Les réflexions sur l’actualité sont souvent décalées », regrette l’abonné de Goersdorf qui alimente régulièrement le courrier des lecteurs. Ainsi lorsque Marie a été comparée à une «mère porteuse». «C’est irrévérencieux. Tous les chrétiens disent qu’elle est la mère du Christ», assure ce protestant, originaire d’une famille luthérienne déjà abonnée au Messager évangélique, ouvert de longue date à l’œcuménisme à travers son épouse catholique, qui lit volontiers le quotidien La Croix… «Le seul magazine luthérien de niveau devrait être un moteur pastoralement. Face à une laïcité poussée à l’extrême, on aurait besoin d’un organe un peu militant. Pas besoin de donner des bâtons pour nous faire battre», affirme-t-il, en appelant de ses vœux « des articles d’actualité à la lumière de l’Évangile ». « Que dirait le Christ aujourd’hui ? La Bible est notre référence, mais il n’est pas facile de la mettre au goût du jour », concède-t-il cependant. « Pourquoi pas un focus régulier sur la jeunesse, dont l’écriture serait confiée à des jeunes ? » propose Sophie, une jeune quinqua, mère de trois garçons de 16, 21 et 23 ans dont le cadet est organiste. D’origine catholique, engagée dans la paroisse protestante de Barr en dépit d’un emploi du temps serré, cette chercheuse en biologie a découvert le protestantisme en 2005, lors de son retour en Alsace. « J’apprécie Le Nouveau Messager. Les témoignages montrent comment vivre la foi au quotidien, comment s’investir dans la société », approuve cette lectrice « cherche dans l’église un lien avec ce qu’elle fait». Pour les pages consistoriales, elle juge « l’espace un peu juste, certains articles pourraient être plus développés… »

Des Églises protestantes vivantes Catholiques engagés dans l’œcuménisme, impliqués dans la prière de Taizé, Dominique et Benoît, qui lisent également d’autres supports, voient dans Le Nouveau Messager « une belle mosaïque du monde des protestants, avec une image très vivante des Églises protestantes du secteur ». « On y trouve du concret », remarque Dominique, tandis que Benoît apprécie que «les dossiers ne se contentent pas d’une exégèse intellectuelle, mais sont ouverts aussi aux témoignages de chrétiens qui parlent de leurs expériences». Ces critiques toujours bienveillantes et ces propositions constructives sont un moteur pour ceux qui pensent et réalisent Le Nouveau Messager…

Yolande Baldeweck