Chroniqueur de la première heure dans notre magazine, le pasteur Daniel Steiner s’occupe des pages en alsacien. Un exercice auquel il est profondément attaché.
Daniel Steiner, vous signez dans ce numéro votre soixantième chronique en alsacien pour Le Nouveau Messager. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Dix ans de fidélité de part et d’autre, ce n’est pas rien ! Je remercie Le Nouveau Messager pour sa confiance et son esprit d’ouverture. Aucune chronique ne m’a été refusée. On m’a demandé d’alterner les styles ou genres pour ne pas lasser les lecteurs. Pour certaines chroniques, je me suis inspiré d’auteurs allemands, avec leur accord bien sûr.
Notre magazine doit-il continuer à consacrer deux pages à des articles en allemand et en alsacien ?
Oui, bien sûr. Un choix a été fait par la rédaction. Il faut le maintenir. Passer au tout-français serait une erreur. L’allemand et l’alsacien sonnent bien. À l’heure on l’on parle de bilinguisme dans pratiquement toutes les régions françaises, il faut continuer à « élargir l’espace de notre tente » et à affirmer nos valeurs culturelles.
Qu’en pensent celles et ceux qui vous interpellent à ce sujet ?
J’ai de nombreux retours. Les pages allemandes sont appréciées et la chronique en alsacien est lue par de nombreux collègues lors de cultes ou de veillées. Il y a, paraît-il, une demande des paroissiens.
Le dialecte alsacien n’est-il pas voué à disparaître ?
Je ne le crois pas. D’après un récent sondage, on le parle encore dans près de 170000 familles en Alsace. Des jeunes s’y intéressent à nouveau. L’action régionale E Friehjohr fer unseri Sproch – le printemps pour notre langue – y est pour beaucoup.
Comment peut-on qualifier votre engagement pour le dialecte ?
Il est mesuré. Je ne milite pas, je ne vais pas dans la rue pour manifester, je suis plutôt prudent quand il s’agit de signer telle ou telle pétition. Mon ministère est d’annoncer la Parole de Dieu. Je le fais en trois langues. Personne n’est jamais venu m’en faire le reproche.
Vous avez rédigé avec le professeur, poète et spécialiste de la langue alsacienne Raymond Matzen six livres pour les éditions du Signe, dont la Bible en alsacien. Où en êtes-vous ?
Il ne reste plus que quelques dizaines d’exemplaires de la Bible en alsacien. Près de 3000 ont été vendus. Une réédition est en vue. Nous avons eu de nombreux éloges de France, d’Allemagne, mais aussi d’Israël. Martin Sessler, professeur émérite de l’Université Ben Gourion de Beer Sheva, spécialiste de la Bible hébraïque et du dialogue interreligieux, nous a adressé des propos laudateurs en 2018.
Avez-vous d’autres projets ?
Oui, la rédaction de dictionnaires, en français cette fois-ci, avec comme thèmes Pâques, Noël, la Bible, l’Église…Il s’agit à chaque fois d’une centaine de mots clés expliqués aux jeunes et aux adultes.
Êtes-vous prêt à continuer l’aventure avec Le Nouveau Messager ?
C’est une belle aventure, alors pourquoi s’arrêter en si bon chemin ?
Propos recueillis par Gwenaelle Brixius