L'été nous a nourris, l'automne nous pèse déjà de plus en plus sur les épaules, qui amenuise lentement la lumière, rétrécit les journées. Et l'hiver qui suivra. Mais notre souvenir n'est pas une nostalgie, il est l'empreinte qui nous rappelle que le soleil ne nous oublie pas, que le ciel nous renverra les beaux jours, les fleurs colorées, les rayons chauds, les cris des enfants au dehors, la vie. Tel est le cycle des saisons, ancré dans notre conscience collective. Pour chacun de nous la grisaille ne va pas durer non plus. Celle qui nous fait nous lever le matin avec résignation, céder comme des humains que nous sommes aux petits découragements du quotidien. Nous traversons sans entrain la monotonie des jours, des semaines, peut-être glaces éternelles. Mais forts que nous sommes de nos vécus, nous économisons notre énergie. Nous ne nous battons pas jusqu'à la crispation.
Quelle que soit la saison, nous trouverons bientôt ces petites graines de grâce et de beauté déposées sur nos chemins. Celles qui toucheront nos âmes endolories. Celles qui réveilleront nos désirs. Les formules ne seront pas magiques, elles percuteront nos sensibilités singulières. Elles nous apparaîtront sans préavis. Et toutes simples qu'elles seront, elles raviveront l'éclat du monde dans nos yeux. Elles nous feront la courte échelle pour nous élever au-dessus des murs hier insurmontables.
Qu'est-ce qui réveillera notre envie d'apprendre ? Qu'est-ce qui stimulera notre curiosité et nous rouvrira aux autres ? Qu'est-ce qui attisera nos imaginations ? Peut-être une rencontre imprévue ? Peut-être la saveur nouvelle d'un repas ? Ou la beauté harmonieuse d'une volée d'oiseaux ? La contemplation d'un troupeau ? Une musique entraînante ? De petits canards qui courent sur des nénuphars ? La beauté spontanée nous prendra par surprise quand nous ne l'attendrons plus. Le regain arrivera humblement. Ces toutes petites choses nourriront nos forces.
Nous pourrons à nouveau nous embarquer dans le monde, semer nos propres graines, relayer la beauté, l'entrain, calme ou enjoué selon nos caractères. Nous chérirons notre qui toujours reviennent pour que nous nous en emparions.
Céline Metz