On les appelait carnets de poésies ou carnets d’amitié.
Les enfants, généralement des petites filles, les confiaient à des proches pour qu’ils y écrivent quelques lignes : un poème, une pensée affectueuse. Camarades de classe, parents, grands-parents, oncles, tantes, frères, sœurs, instituteurs et institutrices, pasteurs aussi… chacun, chacune s’appliquait à y laisser un souvenir en mots et en images. Chaque page devait être illustrée, ici par un dessin coloré, là par des anges ou des bouquets de fleurs en papier découpé. Des poèmes d’auteurs classiques et des mots plus personnels côtoyaient des vers enfantins, comme ceux-ci :
« Si j’étais jardinier je t’offrirais des fleurs,
mais comme je ne suis qu’un écolier je t’offre mon cœur. »
« La lune se lève majestueuse,
la rose s’épanouit au printemps,
je te souhaite d’être heureuse,
maintenant et tous les temps. »
« Dans un bocal de bois
l’oiseau murmure tout bas
sois bonne et sage
et le bon Dieu te bénira. »
« Comme le flot que le vent chasse
et qui vient à nos pieds mourir,
ainsi tout meurt et tout s’efface,
tout… sauf le souvenir. »
Cette coutume ancienne des carnets de poésie, qui semble être propre à nos régions de Moselle et d’Alsace, a certainement permis à des enfants d’être initiés à la poésie autrement que par son seul enseignement à l’école. Pour qui possède encore ces carnets, les feuilleter inspire certes de la nostalgie, mais peut-être aussi se souvient-on qu’on a été touchés par ces textes à cause de leur rythme et leurs rimes ? Qu’en reste-t-il aujourd’hui ? Des souvenirs d’enfance ? Le goût pour les beaux textes ? Plus que d’autres genres littéraires, la poésie suscite pour celles et ceux qui en lisent, comme pour celles et ceux qui en écrivent, des sensations et des émotions. Là se partage la richesse d’une vie intérieure. Qu’il s’agisse de poètes connus, de poètes des pages Pour respirer de notre magazine ou des lauréats du Prix des poètes de la Parole, remis pour la première fois cette année, tous ont en commun ce désir d’exprimer quelque chose qui est au-delà d’eux. Quelque chose de l’ordre du Souffle.
Gwenaelle Brixius
Avec toute l’équipe et le Conseil d’administration, nous sommes
heureux d’accueillir au nombre de nos partenaires le consistoire
d’Ittenheim avec ses paroissiennes, paroissiens et pasteur.e.s.
Nous comptons donc aujourd’hui 24 éditions locales.