S'obstiner

« La pensée espérante est la pensée des possibles »
Jürgen Moltmann

Nous sortons d’une bulle remplie de cris d’enthousiasme, de joie, de victoire, de chants, d’hymnes dans les stades, sur les terrains, dans les rues, dans les salons. Que nous ayons admiré la persévérance et le talent des athlètes olympiques ou observé de loin cette grandiose mise en scène de la fraternité, du fair play, de l’inclusivité et de la diversité, nous avions conscience que ça ne durerait qu’un instant. Un instant fragile et éphémère, tant la fureur a continué de déferler dans les rues et dans le ciel des pays en guerre. La haine, attisée par l’Extrême droite, attaquer les habitants de villes du Nord-Ouest du Royaume Uni. La violence raciste et homophobe se répandre sur les réseaux sociaux et ailleurs, comme si leurs auteurs ignoraient qu’il s’agissait de délits… Il faut le reconnaître, nous sommes bien dans nos bulles. Nous en avons besoin parfois. C’est un peu ce que raconte le dossier de ce numéro. Lorsqu’ici et là, des églises et communautés protestantes ont poussé au pied des tours d’immeuble des quartiers de grandes villes, temps faisant, il devenait difficile d’y maintenir une activité paroissiale telle que nous la vivons dans des villes plus petites ou à la campagne. Et c’est parce que ces communautés ont pensé et pensent encore avec conviction qu’il est possible d’être Église autrement, qu’aujourd’hui elles sont toujours là, présentes, visibles et au service des habitants du quartier où elles sont implantées. Églises et foyers paroissiaux deviennent des tiers-lieux où toutes et tous, quelles que soient leurs origines, leur religion ou leur culture, sont accueillis sans condition.
Dans un contexte politique français et européen où l’autre est bouc-émissaire, il est rassurant de se dire que l’Église offre des lieux sûrs et accueillants pour qui a besoin d’aide, mais aussi de convivialité ou d’accompagnement spirituel. Pour qui a besoin de savoir que l’amour du prochain n’est pas si fragile. Que l’Espérance est têtue.

Gwenaelle Brixius