En mai prochain, Le Nouveau Messager sortira son 60ème numéro et fêtera ses dix ans d’existence depuis la création de sa formule bimestrielle en 2011. Mais il est l’héritier d’une histoire bien plus longue, débutée en 1939 en Dordogne.
Le 29 octobre 1939, le premier numéro du Messager évangélique du dimanche pour l’Alsace et la Lorraine, Evangelischer Sontagsbote für Elsass un Lohtringen, sort des presses à Sarlat pour être distribué à 4 000 exemplaires dans la région. Depuis deux mois, alors que la Seconde Guerre mondiale est aux portes du pays, les autorités françaises ont évacué des centaines de milliers d’Alsaciens et de Mosellans vers le Sud-Ouest, les arrachant à leur culture et à leurs repères. Le pasteur strasbourgeois évacué, Henri Birmelé, a alors constitué une publication dominicale pour maintenir le lien communautaire entre les protestants dispersés et ceux restés dans leur région.
En attendant
L’hebdomadaire bilingue de quatre pages se veut avant tout un soutien spirituel et moral aux évacués. Les fidèles y trouvent des méditations bibliques et des prières, des témoignages, mais aussi des informations pour organiser la vie protestante en zone d’évacuation et au front. Le Messager évangélique du dimanche prend à la hâte le relai, « en attendant », des trois hebdomadaires protestants qui existaient jusqu’alors en Alsace, luthérien, réformé et piétiste. Il cesse sa publication le 30 juin 1940 alors que les évacués alsaciens et mosellans regagnent leurs provinces, désormais annexées par l’Allemagne. Mais si les deux tiers des concernés rentrent bien en Alsace et en Moselle, d’autres restent dans le Sud non-occupé. Ces exilés ne sont plus des « évacués » mais des « réfugiés ». À partir du 15 juin 1941, une nouvelle publication, imprimée à Alès, dans le Gard, sous le titre Le Messager, tente de maintenir le lien entre les réfugiés protestants et leurs familles. Le Messager cesse de paraître le 15 mai 1945 alors que la libération de l’Alsace et de la Moselle permet le retour de tous. Durant cette période en Alsace et en Moselle annexées, aucune des trois publications protestantes historiques n’a paru : elles étaient interdites par le régime nazi.
Le Messager évangélique du dimanche, puis Le Messager ont pu être distribués gratuitement grâce aux seuls dons. Après la Libération, dans l’enthousiasme de la sortie de la guerre et dans un esprit de réconciliation, les équipes rédactionnelles des trois hebdomadaires d’avant-guerre se réunissent pour fonder Le Messager évangélique, tiré à 20 000 exemplaires et distribué sur abonnement. Avec quelques évolutions, il poursuivra son existence jusqu’en 2001.
Claire Gandanger
« À nos lecteurs !
Le Messager évangélique (...) veut être une feuille de ralliement. Celle-ci sera l’expression de l’Unité intérieure du Protestantisme alsacien et lorrain ; elle rétablira et maintiendra la communion entre les milliers de coreligionnaires qui ont été arrachés à leurs foyers et les autres qui ont eu le privilège de pouvoir rester chez eux. Mais avant tout notre feuille veut nous aider tous en cette chose essentielle qui est de trouver et de fortifier en nous la communion totale avec celui, qui même en ces temps de guerre reste notre Père miséricordieux en Jésus-Christ.
Dans les heures d’angoisse il n’y a qu’une seule issue pour en sortir intacts et forts : c’est de se remettre entièrement entre les mains du Dieu tout puissant (...). Mais cette confiance ne sera pas un abandon aveugle ; elle n’exclut pas la vigilance, elle la commande bien au contraire. Jamais Jésus-Christ n’a dit aux siens que la confiance devait éteindre en eux le sens des réalités.
Veillez, leur dit-il – Malheur aux serviteurs que le Maître trouvera endormis ! (...) Résistez ! Afin que le prince des ténèbres ne vous enlève pas ce qu’il y a de plus précieux pour un cœur humain : la Foi, l’Espérance et l’Amour. chose essentielle qui est de trouver et de fortifier en nous la communion totale avec celui, qui même en ces temps de guerre reste notre Père miséricordieux en Jésus-Christ. »