La nature et la poésie biblique inspirent les talents graphiques de six apprentis artistes dans le cadre privilégié du presbytère.
« Dessiner c’est choisir, souffle Véronique Hauss-Jbil à l’adresse d’Irmgarde Spaeth et du pasteur Claude Horviller qui ont décidé aujourd’hui de reproduire le bouquet qu’elle a posé devant eux. Cela peut n’être qu’un détail. » L’une se plonge dans le fushia d’une fleur fraîche tandis que l’autre préfère tester les sombres nuances du fusain. De leurs lectures des Psaumes, les six participants à l’atelier de l’artiste ont extrait le fil rouge de la Création. Depuis janvier, Claude Horviller leur ouvre le presbytère de Berstett pour donner libre cours à ce que leur inspirent les poèmes bibliques. « Ce livre poétique est à la convergence de la spiritualité et de la créativité, apprécie Véronique Hauss-Jbil, enseignante en arts plastiques en collège et à l’université de Strasbourg. Certains passages sont comme des ébauches de tableau. » Solveig Ruch, 16 ans, a saisi l’opportunité de l’atelier pour élargir sa vision de l’art, dont elle souhaite faire son métier. « Je voulais voir ce que d’autres gens font », explique cette dessinatrice prometteuse. Véronique Hauss-Jbil lui a apporté un luth. «On retrouve toujours cet instrument en introduction des Psaumes, qui sont d’abord des chants», apprend-t-elle à l’adolescente. À côté d’elle, Éliane Dossmann suit son attrait pour le vert. Elle a sélectionné les trois premières strophes du Psaume 1, qui mettent en scène des arbres.
Essais et patience
« J’aime le lierre », confie-t-elle en tamponnant sa toile de petites feuilles naturelles pleines de gouache, pour en faire ressortir les rainures. Elle en a découpé d’autres dans du tissu grâce à des patrons de feuilles séchées. « J’aimerais combiner les deux, explique cette amoureuse de la couture. L’un des maîtres mots de tout art est la patience », encourage Véronique Hauss-Jbil. « Sur de nombreux essais, il y en a un qui vous conviendra, un peu comme en photographie. » Pour l’instant, Michèle Ruch progresse au gré de ses dilutions d’aquarelle. « Les couleurs m’ont fait aller vers le thème de l’eau, explique-t-elle. C’est bon de se laisser porter par le hasard. » À l’issue de leurs réflexions picturales, le groupe projette une exposition au presbytère de Berstett à l’automne. Après l’accueil d’une première galerie d’art en 2020, Claude Horviller espère qu’elle sera la suite d’une grouillante vie artistique à cette adresse. « J’aime l’idée de mettre l’art dans des
lieux vivants et pas uniquement dans des musées », défend-t-il, assurant que plusieurs artistes l’ont déjà sollicité pour bénéficier de ce cadre verdoyant dont l’architecture simple remonte à 1756.
Claire Gandanger