Depuis huit ans, Amaury Charras redonne vie au jardin de l’Église sous les Platanes à Illkirch-Graffenstaden. Engagé dans la démarche Église Verte, le pasteur y cultive conscience écologique et spiritualité.
« Micocoulier de Provence, lilas des indes, arbre de Judée… » Amaury Charras détaille quelques-unes des espèces qui peuplent le jardin de l’Église sous les Platanes. Arrivé à Graffenstaden en 2016, le pasteur s’intéresse d’entrée de jeu au jardin. « À l’époque, c’était juste du gazon. Le premier atelier avec les enfants, ça a été de faire un petit carré de fleurs en lien avec la richesse biblique. Pour un catéchète, utiliser les ressources végétales dans les textes, c’est une porte d’accès géniale. » Peu à peu, le projet prend de l’ampleur. Les plantations se multiplient si bien qu’un jour un paroissien fait remarquer au pasteur que bientôt, il ne pourrait plus planter d’arbres avec les enfants faute de place. « Je me suis dit que si je ne pouvais pas en planter plus, il fallait faire une pépinière avec des arbres en pots. Comme ça, chaque enfant pourrait avoir son arbre. » La pépinière compte aujourd’hui 140 arbustes, les enfants en reçoivent tous un à l’âge de six ans et s’en occupent jusqu’à leur confirmation, moment où ils peuvent le ramener à la maison. « Au départ, c’était pour jouer autour de la question de la création, s’émerveiller. Au fil des années, ça s’est étoffé dans l’espace et dans le regard théologique », explique Amaury Charras. Outre la pépinière, l’église dispose d’une sapinière en pot, d’un mur de plantations, d’un jardin partagé, de plusieurs nichoirs, d’un hôtel à insectes et même d’une maison pour les hérissons.
« On est les gardiens de la Création »
La paroisse a ainsi obtenu le label Église verte qui vise à promouvoir l’engagement écologique des communautés chrétiennes. « On est les gardiens de la Création. Aujourd’hui, l’Homme a tellement pris le dessus sur la nature que notre travail spirituel, c’est de trouver notre juste place. » Pour le pasteur, cette démarche a permis de renforcer les liens avec les paroissiens. « On lie la beauté de la conscience écologique avec la joie de voir grandir le lien communautaire. Les anciens viennent montrer aux petits comment s’occuper du jardin. Il y a beaucoup de générosité : des paroissiens ont donné une serre, d’autres des pierres. Il y en a qui ramènent du fumier. » Prochaine étape : la construction d’une chapelle végétale en saule tressé. « Je me sens à ma place, conclut Amaury Charras. C’est beau, c’est humain, c’est concret. Il y a une grande joie dans ces projets. »
Adrien Labit
Photo : Les enfants de la paroisse reçoivent un arbuste pour leur six ans et s’en occupent jusqu’à leur confirmation. © Amaury Charras