Accueillir est une façon de témoigner

Vous avez dit témoins ?
Une personne témoigne de la manière dont sa mission, son métier ou son engagement dit quelque chose du message de l'Évangile. 

Dans notre tradition les frontières de l’Église sont poreuses et ne marquent pas une ligne de démarcation franche ; certains sont convaincus, d’autres moins ; et dans les soi-disant convaincus il y a une très grande diversité de cultures, de parcours, de théologies, d’histoires, etc. Mais une conviction forte nous rassemble : la grâce de Dieu manifestée en Christ est un trésor pour chacune de nos vies. C’est cela que nous avons envie de partager, quelle que soit la distance à laquelle chacun se situe par rapport à ce centre qu’est Christ. C’est dans ce contexte que nous avons pris conscience au conseil presbytéral, de l’importance toute particulière que revêt l’accueil, selon la parole de l’apôtre Paul : « Accueillez-vous donc les uns les autres, comme Christ vous a accueillis, pour la gloire de Dieu » (Romains 15, verset 7).
Accueillir n’est pas seulement une affaire de sourire à l’entrée de l’église le dimanche, mais bien plus profondément une façon de nous aimer les uns les autres avec toute la richesse de ce que chacun est. Accueillir, c’est se mettre à la hauteur de l’autre, se laisser interroger et déplacer par lui, commencer par écouter ce qu’il ou elle est, attend, apporte, avant de vouloir lui parler, l’intégrer ou le « formater » à notre façon, mais aussi le prendre en compte (par exemple en intégrant ses modes d’expression dans notre culte). En faisant volontairement ce travail d’accueil, notre vie d’Église est devenue une sorte de terrain d’entraînement pour oser parler de notre foi simplement en répondant aux questions et nous avons choisi de développer ces occasions.
Au moment de Noël, par exemple, nous transformons le temple* et l’ouvrons largement aux personnes qui passent dans la rue. Il faut dire qu’il est situé là où tout le monde vient faire ses courses, et nous avions envie de témoigner là au milieu de la gratuité du seul cadeau important qui nous est fait à Noël. Des tracts distribués dans la rue, des paroissiens qui chantent des cantiques de Noël dehors, des boissons et gâteaux à l’intérieur, et surtout des personnes disponibles et attentives pour la rencontre. La première fois beaucoup étaient inquiets : « mais qu’est-ce que je dois dire ??? ». Et le soir chacun y allait de son récit de rencontre, émerveillé de la façon dont les personnes avaient simplement posé leurs questions, de « mais où est-on ici ? » à « qui êtes-vous ? » ou « pourquoi faites-vous ça ? ». C’est en témoignant que l’on devient témoin de l’Évangile, et une Église qui accueille a de plus en plus de personnes à accueillir !

Anne Faisandier,
pasteure de l’Église protestante unie de France à Marseille, rue Grignan

* Sur une idée de l’Église de l’EPUdF du Marais, à Paris que nous avons adaptée : https://youtu.be/mPqUrazrclg