Vous avez dit témoins ?
Une personne témoigne de la manière dont sa mission, son métier ou son engagement dit quelque chose du message de l'Évangile.
En septembre 2019, j’ai participé à ma première marche pour le climat. Avec une amie chrétienne, nous avons réfléchi au message que nous voulions communiquer : un message d’espérance et de joie pour trancher avec le fatalisme ambiant. Le jour J, je me suis retrouvée au milieu d’un groupe de militants vegan portant des tee-shirts noirs et d’immenses panneaux avec des images sanguinolentes de cadavres d’animaux. Autant dire que mon petit carton, avec un message directement inspiré des Béatitudes, était pour le moins détonnant : « Heureux les doux, ils hériteront de la terre. » « Ça veut dire quoi ? » me demanda un jeune homme qui a vu mon panneau. S’en est suivi une longue conversation sur l’Évangile, sur le contre-pouvoir que Jésus incarnait, la logique radicalement différente du Royaume de Dieu… et bien sûr, sur l’implication des chrétiens pour le soin de la Création. Cette discussion m’a fait prendre conscience que la place de l’Église dans ce monde écolo ne coule pas de source. Pour beaucoup, le christianisme a même contribué à la destruction consciente de notre environnement. Pourtant, je reste persuadée que l’engagement des croyants dans ce domaine est nécessaire si on veut véritablement changer de paradigme.
Lorsque je parle de mon parcours personnel, j’aime utiliser le terme de « conversion écologique » ; non pas dans le sens d’une conversion à une nouvelle religion mais plutôt d’un changement de regard sur le monde qui nous entoure et sur la place que nous occupons dans celui-ci. Si l’Église veut rester pertinente, elle se doit d’adresser les questions de notre génération, au risque de passer à côté de sa mission première : l’annonce de l’Évangile – une bonne nouvelle pour un monde consumé par l’angoisse de l’avenir. En ce sens, l’écologie peut être une chance pour redynamiser l’Église et vivifier notre foi. En somme, notre meilleur témoignage est de vivre la plus grande cohérence possible entre nos paroles et nos actes. Promouvoir l’amour du prochain n’est qu’un vœu pieux prononcé le dimanche matin si le reste de la semaine nous vivons égoïstement et sans limite. Au cœur du message biblique se trouve la reconnaissance de notre état de créatures face à Dieu le Créateur ainsi qu’un formidable message d’espérance pour l’avenir. C’est sur la base de cette espérance en un Dieu qui aime ce qu’Il a créé que notre action peut s’enraciner et que nous pouvons ainsi devenir « une lumière pour le monde, une ville construite sur une montagne et qui ne peut être cachée » (Matthieu 5, verset 14).
Sarah Foxx,
éco-conseillère et ambassadrice Église verte