Cette première moitié de 2020 a été éprouvante pour beaucoup. Sous certains aspects, on dirait que ce début d’année ressemble à un film étrange réalisé par David Lynch. Entre la crise sanitaire, la récession économique et la méfiance médiatique, il y a de quoi se dire que nous traversons une crise de confiance où espérer devient un gros mot. Qui croire, que croire, en quoi espérer ? Beaucoup se posent ces questions, au point que même leur foi se retrouve ébranlée par ce contexte.
Moi aussi, durant cette période, j’ai cherché un moyen de sortir la tête de l’eau afin de pouvoir respirer. Et c’est au milieu de cette période difficile qu’une petite source d’espérance a jailli pour moi. Alors que je m'appliquais à garder le lien avec les paroissiens, je suis allé à la rencontre virtuelle de plusieurs jeunes entre 15 et 30 ans pour leur donner la parole. Toutes les deux semaines, j’ai l’occasion de partager un temps de discussion en public, avec un jeune de cette tranche d’âge sur le réseau social Instagram (sur le principe du Live duo). Les jeunes s’ouvrent sur leur parcours spirituel, leur foi, leur engagement, leurs doutes et leurs questions. Ces temps de rencontre en ligne ont été une grande source d’espérance et d’enrichissement personnel, pour plusieurs raisons.
Premièrement, pour la maturité de leurs interventions et pour leur foi réfléchie. Alors qu’on entend souvent des discours dépréciatifs sur cette tranche d’âge, j’ai été émerveillé de voir la richesse de leurs interventions. Notre foi plus que millénaire a encore pas mal d’avenir avec les générations qui viennent.
Deuxièmement, pour la diversité de leurs approches et parcours. Bien que tous les jeunes que j’ai interrogés soient de tradition protestante, nous pouvons observer chez eux différentes manières de vivre leur engagement spirituel. Ils font perdurer l’incroyable richesse de notre tradition, où plusieurs voix coexistent.
Troisièmement, pour leur foi incarnée et leur recherche de cohérence inspirante. Ils relisent leur vie à la lumière de leur foi, pour apprendre à vivre en accord avec eux-mêmes. Enfin, pour leur parcours humble et sincère. Aucun d’entre eux ne cherche à incarner un visage triomphaliste et parfait. Ils assument leur foi, mais aussi leurs questions. Ils montrent un christianisme en chemin, entre pudeur et conviction. Ma raison d’espérer se trouve d’abord en Jésus-Christ. Néanmoins, les traces du Christ dans la vie de ces jeunes ne peuvent que me rendre confiant.
Jean-Philippe Lepelletier, pasteur à Sainte-Marie-aux-Mines
Juillet-août 2020