
Faire vivre les lieux d’Église qui nous sont confiés, à chacun et chacune d’entre nous au sein de la longue chaîne des témoins et de la trame croisée des énergies contemporaines, voilà le défi qui nous est posé de façon particulièrement aigüe aujourd’hui.
Ce défi n’est pas mince. Par rapport à d’autres époques, certes, nous n’avons de loin plus ce qui est considéré comme un bénéfice : le nombre et le consensus social. Mais n’est-ce pas stimulant ? Les sociétés changent, les humains évoluent, mais notre appel en tant que chrétiens reste le même : témoigner de notre foi, partager. Donner corps à l’amour de Dieu pour toute l’humanité, manifesté en Christ.
En tant que corps du Christ, l’Église se doit d’être à la fois un lieu de vie pour les membres de la communauté, et un lieu d’ouverture au monde, de témoignage. Pour être audible, ce témoignage passe et passera sans doute de plus en plus par ce que le théologien Fritz Lienhard nomme l’hybride, que l’on peut comprendre comme une prise en compte des modalités de la vie contemporaine, un engagement conscient et résolu, une présence aux réalités humaines, lointaines et proches.
Qu’est-ce qui me réjouit dans mon ministère de diacre à Colmar ?
Accueillir en tant que bénévoles pour l’accompagnement scolaire ou en tant que membres actifs du jardin partagé des personnes d’horizons divers, éloignées, voire extérieures à la vie d’Église, qui trouvent là une réponse à leur quête de sens. Une ouverture qui rend visibles la force et les joies de l’engagement communautaire. Voir des enfants venus de tant de coins du monde s’installer pour travailler ensemble, dans l’esprit d’entraide développé depuis des années, puis choisir un jeu pour prolonger le plaisir du temps partagé, dans les disputes ou dans les rires…
Voir arriver pour les moments festifs des mamans accompagnées de leurs amies, des enfants, déposer sur la table des gâteaux maison, proposer leur aide, rester encore dans un joyeux brouhaha…
Vivre au jardin partagé la renaissance d’un espace préservé de l’urbanisation, qui devient laboratoire de culture respectueuse de l’environnement, et lieu de rencontre privilégié…
Être enracinée dans l’histoire d’un projet, d’un lieu, des communautés qui de siècle en siècle, de décennie en décennie, ont construit une réalité dont nous héritons… Pour la porter plus loin !
Sylvie Michel, Diacre
Image: Fête de fin d’année de l’AsCo Campus, église Saint-Jean de Colmar, juin 2023.