Solastalgie

Après l’élection de Trump, un enfant demande à son grand père : est-ce le début de la troisième guerre mondiale ? L’anxiété monte et atteint toutes les générations, à force d’informations inquiétantes. Cela gâche quelque peu les commémorations de la Libération d’il y a 80 ans ! Car la paix recule et les fragiles équilibres entre puissances sont remis en question. Les conflits militaires sont de plus en plus violents, Ukraine et Russie, Iran, Israël, Liban et Gaza. Il n’y a pas que les guerres : le climat est perturbé et nous sommes prévenus : cela va aller en empirant.
La science l’a découvert : notre monde a connu des extinctions massives dans le passé. Les dinosaures ont disparu ! Est-ce au tour de l’humanité de quitter la scène, après l’effondrement général de la biodiversité, ou une crise climatique majeure, ou une guerre mondiale peut-être nucléaire ? Ce qui était de la fiction dans des films et des séries devient plausible.
Une année s’achève, une autre commence, et personne ne sait où nous allons. Pour fuir l’angoisse, je peux me réfugier dans la nostalgie du passé, un regret du « bon vieux temps » où le monde semblait encore aller bien. Un verset biblique me donne une autre clé et me dit comment appréhender la réalité : « la Création tout entière gémit maintenant encore dans les douleurs de l’enfantement. Nous aussi, nous gémissons intérieurement, attendant l’adoption, la délivrance » (Romains 8, versets 22-23, traduction TOB).
Pour Paul, l’apôtre, ma vie est tournée vers l’avenir, elle est attente active, et elle n’est pas facile. La Création, donc la nature, la société humaine, les forces économiques, la volonté de pouvoir, tout cela est marqué par l’ambiguïté et le péché, ce qui provoque souffrances et drames. Les dinosaures n’ont pas compris ce qui leur arrivait. Par contre, l’humanité sait ce qui se passe et comment l’éviter. Lorsque l’obscurité, le rejet de l’autre, la haine, la volonté de puissance semblent l’emporter, l’Évangile convoque celui qui suit le Christ. Et dans le passé comme aujourd’hui, des chrétiens font face. Martin Luther King posait la question : « Serons-nous des extrémistes pour l’amour ou pour la haine ? » En choisissant l’amour, le chrétien est le témoin de l’espérance, la plus belle thérapie contre l’angoisse.

Thomas Wild, pasteur

* La solastalgie est une forme de souffrance et de détresse psychique ou existentielle causée par la conscience des changements environnementaux en cours, en particulier concernant la destruction des paysages, des écosystèmes et de la biodiversité (Wikipedia).