Vous avez dit témoins ?
Une personne témoigne de la manière dont sa mission, son métier ou son engagement dit quelque chose du message de l'Évangile.
« Je m’présente, je m’appelle Henri. J’aimerais bien réussir ma vie, être aimé ! », chantait Daniel Balavoine en son temps. Si nous ne partageons pas ses envies d’être une idole, adulée par les foules, chacun porte néanmoins en lui un rêve qui lui permettrait d’être une meilleure version de lui-même. Un idéal qui collerait à notre identité intérieure et qui donnerait du sens à ce que nous faisons. Que dirions-nous si nous devions nous définir par rapport à notre rêve de bonheur ? Ou peut-être même par rapport au bonheur que nous expérimentons au quotidien ? Quelle place pour nos propres fantasmes et nos propres réussites, et quelle place pour ce qui fait notre essentiel – et que dans ces pages j’appellerai Dieu ?
Ce n’est pas forcément dans nos habitudes de parler de cette relation intime qui nous lie à Dieu. Il n’est pas facile de dire « quelque chose » de cette force de vie qui nous anime, de ce souffle qui nous habite. Cela peut paraître incongru de témoigner de la rencontre puissante et indicible à la fois avec Jésus Christ, d’autant plus qu’elle a lieu au travers de la lecture de la Bible – une activité peu et mal connue. Même au sein de nos espaces d’Église, avec des frères et des sœurs qui partagent notre foi et notre existence, la Parole et la parole ne sont pas faciles.
Dans un monde où la foi est reléguée au domaine de l’intime, où l’espace public est prudent - voire hostile -, le chemin du témoignage est hasardeux. Bordé d’indifférence, d’incompréhension ou de moquerie parfois, il est aussi semé d’embûches. Nous avons peur d’en faire trop, peur de ne pas dire les mots justes, peur aussi d’empiéter sur l’espace de liberté de l’autre. Et pourtant l’appel du Christ est sans équivoque : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? » (Mathieu 16, verset 15). Sans nos mains, nos langues, nos histoires, l’Évangile reste lettre morte.
L’Assemblée de l’Union des Églises protestantes d'Alsace et de Lorraine du mois de juillet a redit l’engagement de nos Églises sur le chemin de l’évangélisation et du témoignage. Beaucoup de signes existent déjà, d’autres sont à inventer : en tous cas nous sommes tous interpellés dans notre responsabilité de dire celui qui fonde notre Vie, qui ouvre nos espaces intérieurs et habite notre quotidien. Nos réponses seront diverses, maladroites parfois, inspirées sûrement. C’est à cela que vous serez invités dans les divers lieux paroissiaux dans les prochains mois et dont témoigne cette nouvelle rubrique dans les numéros du Nouveau Messager de l’année à venir : vous avez dit témoins ?
Alors un petit avant-goût, léger et imparfait :
« Je m’présente, je m’appelle Esther,
grâce à Dieu, je n’ai rien à faire pour être aimée !
Il me rend libre d’essayer, de me lier et d’me tromper,
Car au bout je sais qu’il m’a précédée ! »
Esther Lenz,
pasteure