Le point de départ de la Réforme protestante, c’est un jeune moine nommé Martin Luther, touché en plein cœur par un passage de l’épitre aux Romains : « Nous estimons, en effet, qu’un être humain est rendu juste devant Dieu à cause de sa foi, et non parce qu’il obéirait en tout à la Loi. » Luther, comme beaucoup de ses contemporains, était terrifié à l’idée de rôtir dans les flammes de l’enfer ou du purgatoire. Cette peur, l’Église catholique de l’époque en faisait son profit : elle s’en servait pour assoir son pouvoir et soutirer aux gens de l’argent en vendant les fameuses indulgences. Dans ce contexte, le message de l’épitre aux Romains est profondément libérateur : pas besoin d’accomplir des prouesses ou de payer pour être déclaré juste devant Dieu et échapper à l’enfer, il suffit de croire ! Qu’en est-il aujourd’hui ? Ce message nous touche-t-il toujours autant ? Nos contemporains ne vivent plus dans la peur de l’enfer et n’ont pas forcément ce souci d’être justifiés. Et c’est d’ailleurs une bonne chose, non ? Vouloir être un juste, se soucier de son salut, n’est-ce pas au fond une préoccupation assez égoïste ? Ne vaut-il pas mieux se soucier d’une justice collective et se battre pour une société plus juste ? Il y a autre chose qui a profondément changé depuis Luther : la foi chrétienne n’est plus omniprésente. Nous sommes entourés d’athées et de croyants d’autres religions. Nous-mêmes sommes en proie au doute. L’affirmation selon laquelle nous sommes justifiés par la foi n’est-elle pas plus angoissante qu’autre chose ? Qu’adviendra-t-il de moi qui manque si souvent de foi ? Qu’adviendra-t-il de mes amis athées ? Le paradis serait-il vraiment le paradis sans eux ? La justification par la foi n’est pas la seule façon possible de parler de la grâce de Dieu. La Bible a mille autres manières d’en parler. Aussi, la meilleure façon d’être fidèle à l’héritage de Luther n’est pas forcément de répéter le même discours que lui pendant 500 ans. Ne devrions-nous pas plutôt imiter sa démarche : nous plonger dans les Écritures pour y trouver une Parole qui nous touche, qui nous rejoint dans ce que nous vivons aujourd’hui ?
Axel Imhof,
pasteur