Jonas sortit de la ville et s’arrêta à l’Est de Ninive.
Là, il se fit une cabane à l’abri de laquelle il s’assit.
Il attendait de voir ce qui allait se passer dans la ville.
Le Seigneur Dieu fit pousser une plante, plus haute que Jonas,
pour lui donner de l’ombre et le guérir de sa mauvaise humeur.
Jonas en éprouva une grande joie. Mais le lendemain, au lever du jour,
Dieu envoya un ver s’attaquer à la plante et elle sécha.
Puis, quand le soleil parut, Dieu fit souffler de l’Est un vent brûlant.
Le soleil tapa sur la tête de Jonas qui faillit s’évanouir.
Il souhaita mourir et dit :
« Je préfère mourir que vivre ! »
Dieu lui demanda :
« As-tu raison d’être en colère au sujet de cette plante ? »
Jonas répondit :
« Oui, j’ai de bonnes raisons d’être en colère au point de désirer mourir. »
Le Seigneur reprit :
« Écoute, cette plante ne t’a donné aucun travail, ce n’est pas toi qui l’as fait pousser.
Elle a grandi en une nuit et elle a disparu la nuit suivante. Pourtant tu en as pitié.
Et tu voudrais que moi, je n’aie pas pitié de Ninive, la grande ville, où il y a plus de 120 000 êtres humains
qui ignorent ce qui est bon ou mauvais pour eux, ainsi qu’un grand nombre d’animaux ? »
Livre de Jonas 4, versets 5 à 11
Le prophète Jonas et son histoire sont encore d’actualité aujourd’hui.
À force de refuser de faire notre devoir, de désobéir, de ne pas respecter autrui,
La tempête, que le faible a provoquée, a fait éclater les nuages noirs sur lui-même.
La colère du ciel est tombée en le précipitant dans l’abîme avec la baleine.
On peut ne pas obéir, ni rien accomplir, refuser de dialoguer, préférer la guerre.
L’orage, c’est le monde dans sa folie, demander pardon, c’est reconnaître la fragilité de notre vie !
Betty Lemmel, Saverne
À l’ombre de son ricin
Jonas priant pour son Divin
N’a pas peur de la tempête
Qui sévit autour de lui
Vu qu’il sait que Dieu est en lui.
Jean Michel Kern, Dettwiller
À l’ombre d’un majestueux ricin,
Assis là, il joint les mains
Repenti d’avoir désobéi,
Reconnaissant d’être encore en vie,
Il prie :
« Si l’orage gronde,
Si tout m’est pris,
Si la mer est profonde,
Et le ciel gris,
Que ta voix me soutienne,
Même en ce lieu,
Que ma main dans la tienne
Reste, ô mon Dieu. »
Liliane Hemmerlé, Seebach
Dans sa fuite du dessein de Dieu
Jonas connaît l’anxiété,
l’échec et la colère.
Enfin le miracle se révèle à ses yeux
quand il accepte sa charité
par la grâce qui le libère !
Pour Jonas, le prophète
la miséricorde s’est faîte !
Qu’en est-il aujourd’hui
de la lumière éternelle
qui fleure et excelle
et que bien des êtres fuient ?
Jeannine Brunner, Niedersoultzbach
Trop-timide Jonas, que ton Naufrage est beau !
La main de l’Éternel, en Miracles féconde,
Te prépare un Azile au Sein-même de l’Onde ;
Et fait, pour toy, d’un Monstre, un Pilote, un Vaisseau.
Soudain, passé d’un Gouffre en un Gouffre nouveau,
Deus-fois mort, sans mourir, tu te fais voir au Monde :
Et dans cet accident, ô Merveille profonde !
La Mort t’ôte à la Mort, & la Tombe au Tombeau
Du Sauveur des Humains excellente Figure,
Tu quites, dans trois-jours, ta noire Sepulture.
Ton sort d’avec le sien différe toutefois :
Sur son Corps, aujourdhuy, la Mort a la Victoire.
Mais le Jonas Céleste, afranchy de ses Lois,
Est monté du Sépulcre au Sejour de la Gloire.
Laurent Drelincourt (1625-1680)
In Philippe François, Anthologie protestante de la poésie française,
éd. Labor et Fides, 2020
Jonas,
Comme je te comprends.
La fuite, la mort qui t’attend,
Puis le gros poisson – quelle frayeur –
L’obligation de vivre – tu n’en avais
Peut-être pas envie au fond.
L’arbre donné puis repris.
Tu n’as pas pu échapper à ton destin
Tu n’as pas pu Lui échapper.
Jonas,
Comme je te comprends.
Éliane, Hunspach