De nombreuses entreprises ont des démarches plus vertueuses sur le plan écologique et en font un argument commercial. Les chrétiens ne sont pas en reste au niveau des appels et des actions. Regards sur les initiatives du Défap et du Secaar.
L'essentiel des gaz à effet de serre provient du Nord, mais les victimes sont surtout au Sud ! Les effets de cette pollution, inondations, sécheresses et tempêtes impactent (pour l’heure) bien plus ces pays déjà en difficulté. Joël Dautheville, pasteur retraité et président du Conseil du Défap, le service de mission du protestantisme français, se dit impressionné par l’engagement des Églises d’Afrique. Une ONG particulièrement, le Service chrétien d’appui à l’animation rurale (Secaar), a pris à cœur de promouvoir un développement éco-responsable. L’animation agricole pour des cultures ne faisant pas appel à des intrants chimiques, la revalorisation des déchets, les techniques respectueuses de l’environnement et économes en matières premières sont autant de buts de cet organisme. Le Défap et l’organisation missionnaire suisse DM soutiennent cette ONG prometteuse. Président de la Commission des projets du Défap et membre de son Conseil, François Fouchier travaille à la protection du littoral. Il est justement délégué du Défap au Secaar et a vu de près ses réalisations. Ainsi, en 2018, le rassemblement de l’Église protestante unie de la région PACA a été organisé en partenariat avec le Secaar et a réuni 650 personnes. Le pari a été fait d’initier une action de compensation carbone. Et il a été tenu ! Le covoiturage a permis de limiter l’empreinte carbone. La production de gaz à effet de serre a été compensée grâce au soutien à des projets du Sud par la plantation d’une forêt durable. Les relations établies de longue date entre chrétiens du Nord et du Sud permettent ainsi de mettre en place un comportement vertueux. En janvier 2022, le Conseil du Défap a décidé « de s’engager dans une démarche éco-responsable et de prendre sa part dans la lutte contre le dérèglement climatique pour un monde plus résilient ». Concrètement, l’isolation thermique et la chaudière de son siège à Paris ont fait l’objet d’un chantier. Résultat : 20 % d’économie sur la consommation.
Une collaboration Nord-Sud
Une production de CO2 liée aux voyages (visites de terrain, envoi de personnes, accueil d’étudiants et de partenaires) reste incontournable pour réaliser le cahier des charges du Défap. Pour la compenser, le service a apporté un soutien supplémentaire à des projets du Secaar au Nord Togo, une région sahélienne aride et déshéritée. Des familles reçoivent une formation et une aide pour se doter de fours améliorés faits en matériaux locaux. Grâce à cet investissement modeste, il faut moins de bois de chauffage pour cuire les aliments, bois traditionnellement cherché par les femmes et les enfants. Les foyers améliorés permettent d’en économiser 70 %. Et du coup, le renouvellement des forêts se fait mieux. De plus, un groupe électrogène fonctionnant au gazole a été remplacé par un système de panneaux solaires et de batteries pour alimenter la pompe électrique d’un puits qui fournit l’eau pour l’irrigation des cultures et pour les besoins domestiques. Par la même occasion, un village a été électrifié pour les besoins basiques, éclairage et moyens de communication. Par ces travaux et par ces projets, la pollution-carbone du Défap de 2022 a été compensée en 2023. Il est ainsi arrivé à la neutralité carbone, sans passer par des sociétés qui en font un business. On ne le dit pas assez : les Églises protestantes de France ont déjà dans leur réseau international des acteurs qui permettent de concrétiser une attitude éco-responsable. Tout le monde est alors gagnant : les organismes africains, leurs bénéficiaires et la planète.
Thomas Wild
Photo: Construction d’un four amélioré qui limite la déperdition de la chaleur et permet d’économiser du combustible : une action du Secaar au Togo. © Secaar