Pour contrer une marée noire, les autorités des zones concernées admettent désormais d’utiliser… des cheveux. L’outil a servi lors de la catastrophe qui a touché l’île Maurice et menacé l’île de la Réunion cet été.
Après avoir heurté un récif du Sud-Est de l’île Maurice fin juillet puis s’être brisé en mer mi-août, le navire japonais MV Wakashio a libéré plusieurs milliers de tonnes de fioul et de diesel dans l’Océan indien. Les carburants ont atteint des récifs coralliens, des lagons et des mangroves. Contre la vague d’hydrocarbures, des cheveux ont servi comme outils premiers. L’association Coiffeurs justes a récolté près de 20 tonnes de cheveux dans plusieurs milliers de salons adhérents, pour les envoyer à l’île Maurice.
« Le cheveu est capable de fixer les hydrocarbures à sa surface », explique le coiffeur Thierry Gras, fondateur de l'association. La cuticule du cheveu est formée d’une superposition de cellules en formes d’écailles. Lorsque le pétrole pénètre dans la structure du poil, il est retenu entre ces écailles. L’idée est de former des boudins flottants constitués d’une grande masse capillaire pour contenir la propagation du pétrole. Un kilogramme de cheveux peut absorber près de 7 litres d’hydrocarbures.
Quand les cheveux ne suffisent pas, des moyens plus risqués peuvent cependant être employés pour éviter qu’une telle marée atteigne les côtes. L’utilisation de produits chimiques tels que des dispersants ou des incendiaires est possible, mais reste dangereuse. Ils peuvent transformer la nappe de pétrole en minuscules gouttelettes afin que les micro-organismes les dégradent plus facilement. Toutefois, de tels produits fortement toxiques courent le risque de se répandre dans l’océan. Par ailleurs, en cas d’incendie du pétrole de surface, seules les parties les plus légères sont brûlées, et la combustion pollue l’atmosphère.
Sofiane Ait Ikhlef