Cette année, le synode national de l’Église protestante unie de France (EPUdF) s’est déroulé, exceptionnellement, en deux temps. Un multiplex a eu lieu par région le 13 mai, puis les délégués se sont tous retrouvés à Sète, les 22, 23 et 24 octobre. Jean-Sébastien Ingrand, chargé de mission pour la Justice climatique de l’Uepal, y était. Compte-rendu.
A Sète, le thème ambitieux du synode de l’EPUdF, Écologie : quelle(s) conversion(s) ?, a été longuement débattu et une déclaration votée. Il en découle un texte dense et plein de convictions, en trois parties. En premier lieu, la position théologique énonce que la création est la promesse que « Dieu fait surgir à chaque instant du nouveau » et qu’il s’agit d’un « cadeau qui nous précède. Cette extériorité du monde à l’humain est ce qui empêche ce dernier de pouvoir tout maîtriser, de tout contrôler ». Reconnaissant « les complicités et les passivités des Églises face à la dégradation des environnements naturels et sociaux sur la Terre », les chrétiens ont pour « responsabilité théologique de faire entendre le cri de la Création (Romains 8, 18-30) au regard de la situation écologique actuelle » et « de manifester l’engagement incessant de Dieu au monde et l’espérance de la venue d’un monde plus juste et équilibré ».
Dans un deuxième temps, la position éthique est soucieuse « d’accompagner les angoisses contemporaines suscitées par les dérèglements environnementaux». Elle prend alors des engagements quasiment décroissants : « La notion de croissance doit impérativement être subordonnée à la solidarité et aux réductions des inégalités.» Ce qui finit par donner des propos proches de ceux énoncés par Jacques Ellul (1912- 1994) sur la non-puissance : « Coopération et puissance retenue permettent de valoriser ainsi la possibilité de se limiter, de faire le choix « sage » de ne pas faire tout ce qu’il est possible de faire. » Enfin, dans une troisième partie, interviennent des paroles publiques et ecclésiales interpellantes qui proposent des actions, du local au global. Dans ce texte qui fera date est notamment affirmé que « l’activité humaine est responsable du dérèglement climatique et de l’effondrement de la biodiversité ». Ce que les scientifiques répètent à l’envi.
Après les Orientations de l’Uepal pour une justice climatique, votées le 18 novembre 2016, voici de la part de l’EPUdf une déclaration bienvenue car très longtemps attendue (à retrouver sur : www. eglise-protestante-unie.fr). C’est une source de reconnaissance de voir l’EPUdF compléter la démarche de l’Uepal. Les chemins de l’action, à parcourir ensemble, peuvent désormais suivre les fortes intentions.
Pasteur Jean-Sébastien Ingrand