Du 22 au 24 février 2021 le colloque oecuménique annuel organisé par l'Institut supérieur d'études oecuméniques (ISEO) et le mouvement Église verte a réuni des personnes en présentiel et en distanciel autour de la question : responsabilités chrétiennes dans la crise écologique, quelles solidarités nouvelles ?
Venus de divers horizons théologiques et ecclésiaux, les intervenant.e.s ont évalué la place de la réflexion écologique au sein des Églises chrétiennes. Contrairement à un discours en vogue, on l'a rappelé : les premières communautés chrétiennes étaient sensibilisées au respect de la nature et de la Création. Les Pères de l'Église (Grégoire de Nysse et Maxime le Confesseur) ont été, à leur époque, des prophètes sur le juste rapport à maintenir avec le monde. «Béni par le Créateur et sanctifié par l'Incarnation du Verbe divin, l'univers est appelé jusqu'au Dernier Jour à une dynamique de transfiguration dans l'Esprit Saint». En ce sens, l'être humain a pour vocation, comme intendant de la Création, de cultiver et d'offrir celle-ci au Créateur dans une attitude de reconnaissance et d'action de grâces.
La crise écologique comme crise spirituelle
La problématique environnementale n'est ni étrangère ni marginale par rapport à la foi chrétienne. Elle y est au contraire centrale. En effet, la crise dans laquelle nous sommes est aussi une crise existentielle et spirituelle, une crise du rapport à la limite, une crise du rapport à notre finitude. Si cette crie réclame bien des conversions techniques et pratiques, elle appelle aussi, et peut-être d'abord, à une conversion spirituelle afin que les nécessaires changements de comportements soient les fruits de choix libres et libérateurs.
La crise écologique au regard de la foi chrétienne
Plus que jamais l'engagement écologique des chrétiens est une priorité œcuménique. En tant que chrétiens, les paroles et actions sont nécessaires, car elles comblent le fossé pouvant exister entre les communautés religieuse et scientifique, leur offrant la force et le courage de découvrir leurs nombreux buts communs, tout en les rapprochant à mesure que la crise écologique à laquelle nous faisons face prend de l'envergure. Il est indispensable d'adopter une vision chrétienne du monde, de cultiver un esprit «eucharistique» c'est-à-dire de rendre grâce à Dieu pour le don de la Création. Nous pourrons ainsi apprendre à générer une culture de solidarité, et garder à l'esprit que tout ce qui fait partie du monde naturel, qu'il soit grand ou petit, a une importance au sein de l'univers et dans la vie du monde.
Dans la richesse des présentations diverses, il convient de mentionner Neal Blough, professeur à la faculté de théologie évangélique (Vaux-sur-Seine) qui a dressé un tableau « édifiant » du rôle prépondérant du protestantisme évangélique et du fondamentalisme américain dans le climato-scepticisme, hélas très vivace outre-Atlantique.
Pour un verdissement des Églises
Les membres des Églises ont exprimé le souhait que les paroisses et Églises locales prennent en considération l'écologie autant dans la liturgie que dans la gestion locale de la paroisse, deux mouvements qui poussent vers un verdissement des Églises. Voilà pourquoi l'on veut repenser également à frais nouveaux l'enseignement catéchétique et théologique qui redonne une véritable place à la Création donc forcément à l'Humain dans toutes ses dimensions et résonances incluant les questions de justice, la cause des femmes, l'éthique dans les affaires, etc. Accompagner la conversion écologique des communautés chrétiennes, c'est l'engagement d'Église verte. Sa création et sa mise en application progressive constitue un espace nouveau de dialogue œcuménique et de dialogue entre les Églises et le monde. Il se veut processus d'expérimentation de formes nouvelles d'« être-au-monde» en tant que chrétiens et de formes nouvelles de communion entre toutes les créatures. Comment ne pas encourager toutes les paroisses de nos Églises à se mettre au diapason de ce mouvement en inscrivant dans ses projets la sauvegarde de la Création ?
Comme l'exprimait Martin Kopp : « Sans mise en pratique, une théologie de la Création retrouvée et renouvelée est littérature et faillite devant l'urgence. »
Jehan Claude Hutchen,
pasteur