Coexister sème les graines d’une laïcité de dialogue

Les jeunes de cette association militent pour faire de leurs différences religieuses et spirituelles un moteur d’action.

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Ce soir, comme tous les mois, sept « coexistants » font le point sur leurs actions à venir, dans une salle prêtée par la paroisse du Bouclier à Strasbourg. Miarisoa Andrianarimiadason, 23 ans, énumère les perspectives de l’antenne locale de Coexister : le groupe de jeunes a récemment rendu visite à la chapelle inclusive de l’église Saint-Guillaume. « Nous réfléchissons à inclure toutes les orientations sexuelles », rappelle-t-elle, « peut-être en créant un groupe de parole. » Une rencontre est prévue avec la communauté juive libérale et la prochaine participation à une distribution de repas à des sans-abris se profile avec une association caritative. Audrey Prax, 20 ans et en service civique pour l’association, fait le bilan des prochaines émissions diffusées sur Radio Judaïca.
Fondée à Paris en 2009, Coexister a depuis essaimé des antennes dans de nombreuses villes de France. Elle est présente à Strasbourg depuis septembre 2013, ainsi qu’à Mulhouse et à Metz. Après une manifestation parisienne contre l’importation du conflit israélo-palestinien,
l’étudiant Samuel Grzybowski avait appelé la jeunesse à « faire couler le sang pour la paix, plutôt que pour la guerre ». Il crée Coexister, qui va d’abord s’illustrer par des dons du sang. Le mouvement d’éducation populaire pratique « la coexistence active » avec un credo : « diversité de convictions, unité dans l’action. »
Affichée apolitique, l’organisation se dit « interconvictionnelle», au sens où elle fait place à toutes les formes de croyances, « dans l’idée que la diversité est une richesse », souligne Audrey Prax. Le groupe strasbourgeois rassemble de jeunes étudiants et jeunes actifs de diverses confessions : chrétiens, musulmans, athées, et bahaïs. « On ne veut pas faire de la religion un tabou », prévient Audrey Prax. « Les questions de notre foi et de comment on la pratique animent beaucoup nos discussions », confirme Aurélien Barth, 23 ans et responsable de l’antenne strasbourgeoise. « Ce retour sur soi nous aide à nous construire », complète Miarisoa Andrianarimiadason, « la religion est une partie de l’identité. » « Chacun de nous doit avoir une forte identité et une forte ouverture à l’altérité », résume Aurélien Barth.

Étendre son message

La sensibilisation à la différence est l’un des grands axes de travail des coexistants. Le groupe vient d’être sollicité par un collège de Haguenau. « On va parler de la laïcité, dans la conception de la loi de 1905, qui ne contraint pas les individus mais leur offre la liberté de croire ou de ne pas croire », explique Miarisoa Andrianarimiadason. « Cette question est tellement floue dans les écoles, et la mixité peut y engendrer de telles tensions, que les professeurs préfèrent déléguer le sujet à des intervenants extérieurs, plus proches de l’âge des élèves. » « Nous ne venons pas faire cours, mais installer un climat de confiance pour leur faire prendre conscience des préjugés qu’ils ont ou qui les entourent », complète Audrey Prax. « Nous leur montrons que nous sommes capables, malgré nos différences, de discuter sans nous taper dessus ni dénigrer l’autre », insiste Miarisoa Andrianarimiadason, « pour semer des petites graines afin que les jeunes soient de plus en plus tolérants. » Les coexistants s’attachent aussi à des démarches régulières de dialogue, en visitant par exemple différents lieux de culte. L’association SOS Racisme vient de les inviter pour la première fois à assister à un de leurs événements. « Une brèche pour créer le dialogue sur le quotidien du vivre-ensemble », se réjouit Aurélien Barth. Coexister Strasbourg est désormais reconnue dans le paysage strasbourgeois, surtout dans le domaine de l’interreligieux. Mais l’antenne associative cherche à étendre son message auprès d’un plus large public.

Claire Gandanger

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