En immersion chez les orthodoxes polonais

Cet été, le consistoire allemand de Balingen et les Équipes unionistes luthériennes (EUL) ont emmené une dizaine de jeunes dans la région de Lublin en Pologne, à la frontière du Belarus.

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Parmi eux, les Français Marie Diebold, 20 ans, Adam Muller, 24 ans, Diodore Guerrier, 20 ans, et leur accompagnateur le pasteur Axel Imhof. Ils s’y sont immergés dans les pratiques de la minorité orthodoxe de ce pays catholique. La dizaine de jeunes Polonais orthodoxes qui les guidaient était déjà venus en France découvrir la communauté de Taizé il y a deux ans.

Les jeunes Français gardent une impression puissante de la beauté et de la lumière que dégage l’orthodoxie, dans ses décorations et son architecture. « L’orthodoxie est pleine de légendes propres aux lieux, prévient Adam Muller, catholique non pratiquant. C’est à la fois la religion et l’histoire des fidèles. » Les visiteurs étaient accueillis au monastère de Jableczna. L’icône de Saint Onuphre aurait terminé à cet endroit son voyage sur une rivière, le rendant sacré.

Des siècles plus tard, cinq moines y vivent encore, au rythme des prières et des repas silencieux. « Ils étaient très impressionnants avec leurs tenues noires et leur air très sérieux », se souvient Marie Diebold, catholique. La plongée abrupte dans leur mode de vie a été pour elle « une douche froide ». « Le premier soir, ils ont exigé qu’hommes et femmes dînent à des tables séparées. » Mais les religieux se sont rapidement assouplis. « Nous avons même fini par rire ensemble. Une fois que chacun s’ouvre, cela change totalement l’expérience. » 

Avec les Polonais,les visiteurs ne communiquent que par bribes d’anglais et surtout par gestes. « Nous n’avions ni le repère de la langue ni de repère culturel, explique la jeune femme. Cela rend la rencontre encore plus riche. » Le groupe découvre les célébrations quotidiennes, aiguillé par les jeunes Polonais. « Ils avaient beaucoup de culture sur leur religion en comparaison avec celle que nous avons sur les nôtres », souligne Diodore Guerrier, animateur aux EUL. 

Les fidèles se rendent à la messe à jeun, pour l’eucharistie. Debout, ils y passent deux heures et demie. « Le déroulé était le plus difficile à comprendre, confie Adam Muller. Le prêtre parle en vieux slave face à une icône et dos à l’assemblée. Je n’avais jamais vu ça. Cela donnait l’impression qu’il n’y avait pas d’échange avec les fidèles. » Le jeune homme a fait face à un « petit moment de doute » quand tout le monde a fait son signe de croix de droite à gauche. « Je me suis demandé si je l’avais toujours fait à l’envers », sourit-il. 

La ferveur des jeunes

Lors d’un pèlerinage en direction du monastère de Grabarka, Diodore Guerrier, Adam Muller et Axel Imhof ont porté ensemble la lourde croix du cortège sur cinq kilomètres. « Cette marque d’accueil a été un honneur », souligne Diodore Guerrier. Pour Adam Muller, cela a été une révélation : « Je me suis senti porté par le Christ, confie-t-il.  Je n’avais jamais ressenti cela. » Au départ de l’étape Marie Diebold a appris que les femmes devaient porter un foulard, même si, elle, n’y était pas obligée. « Il s’agissait surtout d’une tradition. J’en ai porté un, pour m’intégrer et vivre les choses de l’intérieur. » 

La ferveur des jeunes a frappé les trois Français. « Je pensais que toutes ces traditions et ces codes étaient dépassés, mais j’ai vu là-bas qu’ils les feront vivre encore longtemps, pas mécaniquement mais par envie, observe la jeune femme. Les orthodoxes sont très attachés aux saints, mais d’abord comme à des humains qui sont des exemples à suivre pour devenir meilleurs, analyse la catholique. « C’est une religion du quotidien qui intègre énormément le corps », retient quant à lui Diodore Guerrier, marqué par les fidèles qui embrassent les icônes et surtout par le signe de croix qu’un des jeunes Polonais fait systématiquement avant de prendre la route. « Depuis ce séjour, je me demande comment je pourrais moi aussi vivre ma foi au quotidien », confie-t-il. « Vivre de telles traditions n’est pas pour moi, assure Marie Diebold. Mais maintenant, je sais qu’il a des gens à qui ça correspond. Ce voyage m’a ouverte à une nouvelle tolérance. » 

Claire Gandanger

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