Depuis toujours, l’humanité questionne la nature de la mort. Néant ? Ou porte ouverte sur une autre vie ? Toutes les religions ou presque ont tenté d’apporter des réponses à cette grande interrogation. Dessinant au passage différentes conceptions de l’essence humaine.

« Alléluia, Christ est ressuscité ! » Chaque année, à Pâques, les chrétiens célèbrent la victoire du Christ sur la mort. Cette bonne nouvelle contient en elle une promesse de vie éternelle pour les croyants, celle de leur propre résurrection. Mais de quoi s’agit-il exactement ?
Le verbe ressusciter dérive du latin resurgere, qui signifie se relever, se lever une nouvelle fois. « Par la mort, le Christ est mis au tombeau, à l’horizontale », développe Gérard Siegwalt, professeur et théologien. « C’est une chute qui porte en elle la puissance d’un renouveau. » Dans la tradition chrétienne, Dieu relève le Christ d’entre les morts, et ce dernier revient en vainqueur de toutes les formes de mal et puissances de destruction. Il est la vie.
La résurrection n’est pas spécifique au christianisme. On la retrouve dès l’Égypte antique, avec l’histoire du dieu Osiris, ressuscité par son épouse Isis, et devenu gardien du royaume des morts. Pour les anciens Égyptiens, l’âme survit au défunt et entame un voyage dans une autre dimension. La résurrection chrétienne contient aussi l’idée d’un souffle essentiel qui transcende la mort et rejoint le royaume de Dieu après le jugement dernier. Ce moment « n’est pas une fin en lui-même, détaille le théologien. C’est une phase de discernement ou nous sommes libérés du mal qui nous est attaché pour faire triompher le bon et devenir pleinement nous-même. » C’est une transfiguration.
La résurrection chrétienne est toutefois une notion qui va bien au-delà de l’après-mort. « Pour les disciples, elle est quelque chose qui les touche dans leur présent. Elle leur ouvre une espérance, un horizon, poursuit Gerard Siegwalt. Elle fait irruption dans leur vie présente. » Cette promesse de vie est appelée à transformer les croyants dès leur vie terrestre.
Les enseignements du karma
Parfois confondue avec la résurrection, la réincarnation contient en elle une toute autre vision de l’âme humaine et de l’après-mort. Ce voyage de l’âme d’un corps à un autre, vie après vie, est issue de la tradition hindoue. « Pour la comprendre, il faut appréhender la notion de cause à effet qui gouverne l’univers, pose en préambule Luxmee Quirin, présidente de l’association des hindous à Strasbourg et en Alsace Bhakti Mandir. Dans l’hindouisme, chaque individu est responsable de la manière dont il utilise son libre arbitre. Chaque action, bonne ou mauvaise, a des conséquences. » Pour les autres, le monde, mais aussi pour soi, puisque chacun devra en payer le prix ou en récolter les fruits dans ses vies terrestres ultérieures.
Le karma est une occasion d’apprendre à maîtriser ses désirs à travers les souffrances de la vie terrestre. Car dans l’hindouisme, l’objectif n’est pas de faire le bien pour avoir la meilleure vie possible dans sa prochaine existence mais de rompre le cycle des réincarnations appelé Samsara pour pouvoir rejoindre le Créateur. Tant que l’âme termine ses vies terrestres avec des désirs inassouvis, elle peut choisir de se réincarner. Pour y échapper, elle doit rechercher Dieu jusqu’à ce que cette quête ne constitue plus que son seul et unique désir.
« Dans la tradition hindoue, l’âme de chacun est une partie du Créateur, détaille Luxmee Quirin. L’eau de l’océan mis dans un verre reste de l’eau et en la remettant dans l’océan : elle devient océan. L’âme est comme ce verre d’eau. Quand elle rejoint cet océan de la conscience et de l’existence divine, elle devient un avec elle. C’est la libération, ou samadhi. » La réincarnation est ici la première étape d’un très long voyage de l’âme, qui pourra être aidée dans sa quête par des sages ayant déjà atteint la libération et des saints appelés devas. Libérée, elle pourra à son tour en aider d’autres.
Anne Mellier