Au Togo, vivre ensemble
Un groupe de jeunes de la paroisse du Bouclier à Strasbourg est parti cet été au Togo pour un voyage humanitaire. Un voyage qui s’organise depuis une vingtaine d’années grâce au soutien des paroissiens et, depuis 2015, en partenariat avec une ONG locale.
C’est toujours avec beaucoup de joie que Vincent Schaller retrouve ses amis et connaissances au Togo chaque été. « Ce qui m’a particulièrement touché cette année, c’est l’arrivée à Sokodé au centre Creuset Togo, précise-t-il, quand on s’est dit bonjour avec mes amis, ma famille africaine, que je n’avais pas revus depuis trois ans, c’était un moment de très intense émotion ». Cela fait aujourd’hui une vingtaine d’années qu’il propose à des jeunes de sa paroisse du Bouclier de l’accompagner sur place. Si au départ, il s’agissait surtout d’échanges interculturels entre des jeunes français et des jeunes togolais et de faire du soutien scolaire, à partir 2007, il a été décidé d’aller encore plus loin. Aujourd’hui, le voyage a pour objectifs principaux : la sensibilisation des populations aux droits de l’enfant, l’accompagnement éducatif et ludique des enfants et des chantiers. Depuis quelques années, les jeunes Strasbourgeois sont accueillis dans un centre de l’ONG Creuset Togo qui œuvre à l’amélioration des droits fondamentaux et des perspectives de vie des enfants en situation de détresse à Kara et dans la région centrale du Togo.
« Nous sommes venus pour les écouter »
Cette année, ils étaient six jeunes à être du voyage : Thomas Walton, 17 ans, Gabriel Petitfrère, 19 ans, Coline Reichert, 17 ans, Léonie Schweitzer, 16 ans, Elie de Turckheim, 16 ans et Elise Chevallier, 17 ans. « Ce qui m’a surprise, ça a été la manière dont nous étions accueillis partout où nous allions, raconte Élise. C’est un vrai rituel ! On est assis en cercle, on demande et on donne des nouvelles, même sans se connaître et on partage de l’eau. » Pour tous, ce sont aussi les sourires et la joie des enfants qui les ont marqués. « Les enfants étaient heureux de nous voir. En fait, même un signe ou un sourire de notre part suffisait à faire leur journée. Le simple fait de donner du bonheur à des enfants, c’est indescriptible », explique Elie. « J’ai beaucoup aimé ce côté résilient chez ces enfants », poursuit Elise. Pour Vincent Schaller, ce qui lui a fait plaisir, c’était de constater que jeunes comme adultes continuaient d’avancer et d’avoir des projets. « J’ai été heureux de voir que les adultes engagés dans les structures de défense des droits de l’enfant, n’avaient perdu ni leur courage ni leur persévérance ». Il a revu également Marcellin qu’il connaît depuis ses dix ans et son arrivée au centre Creuset Togo et qui passe aujourd’hui en classe de Terminale. « Ça fait du bien de parler avec ces jeunes, de voir qu’ils ont des projets, qu’ils pensent à un avenir possible ». Et Léonie d’ajouter : « dans les discussions, je veillais à ne pas imposer ma vision et mes valeurs d’européenne. Finalement, nous étions venus pour les écouter et comprendre leur point de vue et pas pour vouloir les changer. »
Cette expérience, Vincent Schaller la vit avec des jeunes de la paroisse du Bouclier qui sont chaque année différents. Une expérience que ceux qui l’ont vécue partagent volontiers avec d’autres jeunes de la paroisse afin de leur donner l’envie de la vivre à leur tour. L’engagement de Vincent Schaller depuis toutes ces années n’est pas étranger à ses convictions protestantes : « Je me suis engagé pour l’Afrique au moment où j’y ai été envoyé par le Défap en 1975, un service protestant. Le fait que j’y retourne encore aujourd’hui, est complètement lié à mon engagement d’Église. C’est une manière concrète de vivre l’amour du prochain, de répondre à la responsabilité devant laquelle Dieu nous met. »
Gwenaelle Brixius
Informations sur l'ONG Creuset Togo : https://www.creusetogo.org/
Récit du voyage en six épisodes à lire ici : https://www.lenouveaumessager.fr/articles/projet-togo-2022