L’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture et de la peine de mort (ACAT) fête son demi-siècle cette année. Et pour l’occasion, l’ONG organisera des colloques, des rencontres et des randonnées mémorielles. Retour sur cinquante ans de mobilisation, de prière et de lutte pour abolir la torture.
« Un demi-siècle d’actions pour protéger, défendre et promouvoir les droits de l’Homme afin que la cruauté, la barbarie et l’impunité n’aient pas raison de la dignité et de la fraternité n’auront pas suffi ». Publiés en janvier dernier sur le site internet de l’ACAT-France, les vœux d’Yves Rolland, président de l’association, sont signifiants. Cinquante ans après la création de l’ONG chrétienne contre la torture et la peine de mort, les actions et mobilisations se poursuivent, au grand regret des membres de l’ACAT. « On se disait qu’en l’an 2000, il n’y aurait plus de tortures », se souvient Laurence Langlet, responsable de l’antenne Alsace- Lorraine.
Tout commence en juin 1974, lorsque deux protestantes, Édith du Tertre et Hélène Engel, assistent à la conférence d’un pasteur fraîchement revenu du Vietnam, alors en guerre avec les États-Unis. Il y raconte les tortures pratiquées, y compris sur des enfants. Elles fondent l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture, l’ACAT, accompagnées d’amis issus de toutes les confessions chrétiennes. « Les deux piliers de l’association reposent sur la prière et l’action », explique Laurence Langlet.
Dans un premier temps, l’ONG se concentre sur l’abolition de la torture puis ajoute à ses mandats l’abolition de la peine de mort ainsi que la défense du droit d’asile.
En France, l’association compte plus de 27 000 membres donateurs, adhérents, bénévoles et salariés.
En région, 222 antennes coordonnent les actions et relaient les informations. « L’Alsace est une région assez active », affirme Laurence Langlet, elle-même bénévole depuis 43 ans. Elle plonge dans ses souvenirs: « Quand je me suis engagée, c’était l’époque des dictatures en Amérique latine, particulièrement en Argentine. J’ai été bouleversée par les tortures et les disparitions d’enfants. On m’a dit qu’en rédigeant des lettres on pouvait obtenir des libérations, je me suis dit qu’écrire n’était pas difficile ».
Clin d’œil du destin: l’École de mécanique de la Marine de Buenos Aires, l’ancien centre de détention et de torture et symbole de la dictature en Argentine, a été classé sur la liste du patrimoine de l’humanité de l’Unesco en tant que site mémoriel en septembre 2023.
Une activité « qui ne s’arrête jamais »
« L’activité de l’ACAT ne s’arrête jamais », poursuit Laurence Langlet. « On ne peut pas intervenir dans tous les pays », regrette la bénévole. « Aujourd’hui, les nouvelles cibles sont les défenseurs de l’environnement. Au moins 200 d’entre eux ont été assassinés en 2021 et plus de 60 tués en Colombie l’année dernière », explique Laurence Langlet. Elle cite le cas de deux vietnamiennes libérées de prison après intervention de l’ACAT. « Elles sont réfugiées aux États-Unis et nous ont récemment envoyé une photo où elles sont assises au milieu de toutes les cartes postales de soutien qu’elles ont reçues », poursuit-elle. Pour souffler la cinquantième bougie de son existence, l’ACAT-Alsace compte organiser des concerts et des conférences, mais « les choses ne sont pas encore définies », sourit Laurence Langlet. Un groupe de l’antenne locale projette d’organiser une randonnée sur un chemin de mémoire: « depuis la gare de Rothau jusqu’au camp du Struthof, un parallèle avec la route que prenaient à pied les prisonniers. C’est un chemin qui fait partie des chemins des Droits de l’homme. Peut-être que des jeunes de la paroisse se joindront à nous », espère-t-elle. En une phrase, Laurence Langlet résume l’action de l’ACAT: « ‘Que tout soit fait avec amour’, comme on peut le lire dans la bible et qu’on ne peut pas être indifférent à son prochain. »
Ophélie Gobinet
Pour agir
Lettres, pétitions ,soutiens…les manières de soutenir l’ACAT sont nombreuses.
www.acatfrance.fr
À côté des appels à la mobilisation, des campagnes de sensibilisation, on trouve également de précieuses ressources pédagogiques pour lutter contre les idées reçues sur la torture, sur les prisons, sur le droit d’asile, les droits humains ou encore la peine de mort.
nuitdesveilleurs.fr
Tous les 26 juin depuis 2006, la Nuit des Veilleurs rassemble les chrétiens mobilisés pour le combat de l’ACAT- France, une manière de donner « un sens spirituel à la défense des droits humains ».