Le Gustav Adolf Werk est une fondation allemande qui, grâce aux quêtes de ses bénévoles, soutient les initiatives des petites paroisses en diaspora à l’autre bout du monde comme en Alsace et en Moselle.
Le magazine Presencia Evangélica de La Plata en Argentine, diffusé auprès de 7 000 lecteurs, agrandit son équipe. Sans l’achat d’une voiture, impossible pour les prédicateurs luthériens du Kazakhstan de maintenir le lien avec les communautés rurales disséminées au nord-est du pays. Ces protestants peuvent compter sur la fondation allemande Gustav Adolf Werk (GAW), basée à Leipzig, qui soutient les minorités protestantes dans le monde entier. Cette année encore, ses groupes régionaux de bénévoles vont arpenter l’Allemagne pour défendre les couleurs de plus d’une centaine de projets et lever plus de 1,6 million d’euros à leur bénéfice. Le GAW compte à ce jour 52 Églises partenaires, en Europe, en Asie, en Amérique centrale et en Amérique du sud, toutes membres de l’Alliance réformée mondiale ou de la Fédération luthérienne mondiale.
Le projet alsacien ABC-Climont, de transformer le centre de vacances de la paroisse vosgienne d’Urbeis-Climont en lieu de rencontre et de culture, a été sélectionné par l’Uepal pour la campagne 2023. « L’idée n’est pas seulement de soutenir des travaux sur de petites églises mais des projets originaux », explique Marc Seiwert, ex-responsable du réseau de ressources pour les paroisses de l’Uepal DéFi et toujours en charge de sa correspondance avec la fondation allemande. Ces dernières années, celle-ci a apporté sa contribution à l’opéra Luther, à la rénovation de la chapelle de la Rencontre dans le quartier du Port du Rhin à Strasbourg ou encore à l’équipement informatique de la paroisse de Bouxwiller pour son dispositif d’accompagnement au numérique. En tant qu’institution aisée, l’Uepal contribue elle-même depuis plusieurs années au budget du GAW, comme le fait également la riche Église vaudoise d’Italie. « Mais le GAW réserve tous les ans une place aux paroisses de notre Union d’Églises dans son catalogue et nous peinons parfois à trouver des projets à lui soumettre », confie Marc Seiwert, qui promet la constitution prochaine d’une équipe relais pour faire connaître cette opportunité aux petites paroisses en Alsace et en Moselle.
Le renfort vient aussi des Églises en diaspora
En Allemagne, le GAW cherche aujourd’hui un second souffle alors que la majorité de ses bénévoles a plus de 65 ans. Pour son président Martin Dutzmann, il passera par de meilleurs échanges bilatéraux, libérés d’une vision longtemps « paternaliste » de l’œuvre allemande fondée au XIXe siècle. « Il s’agit d’être protestants ensemble à travers le monde et plus seulement d’aider les paroisses qui nous semblent plus faibles », défend-t-il. « Pour mobiliser les jeunes, nous organisons des voyages d’étudiants allemands dans les Églises en diaspora qui rencontrent un franc succès », illustret-il. « Ces Églises ont des idées à nous apporter pour nous renforcer, par exemple hiérarchiser les priorités », salue le pasteur, alors que même celle d’Allemagne perd du terrain dans une société toujours plus sécularisée. « L’Église roumaine, devenue très petite avec l’émigration, a décidé de se concentrer sur son patrimoine, relèvet-il. La paroisse de Sao Paulo compte 1700 fidèles dans une agglomération de plus de 18 millions d’habitants. Elle a choisi de mettre l’aide aux sans-abris au centre de son travail. On ne peut pas tout faire. » Pour le président du GAW, ces échanges d’expériences sont autant d’encouragements à ses compatriotes, perdus en cette période de grand changement pour leur Église.
Claire Gandanger