Depuis près de 40 ans, l’association Les Disciples organise une action de Noël à destination des enfants du quartier de Cronenbourg cité. La distribution de cadeaux dans les familles y est prétexte à l’échange et à l’enrichissement mutuel.
À l’origine d’Osons croire ensemble, il y a une idée « née dans la tête et le cœur » du pasteur Gérard Haehnel. Le désir d’une rencontre de « ces gens, autour de nous, que nous ne connaissons pas ». « Il fallait aller vers eux », se souvient celui qui a joint le geste à la réflexion en commençant par toquer à une porte de la rue Edel, près de la faculté de théologie de Strasbourg, accompagné d’un petit groupe. « Je me souviens encore de la petite fille qui m’a ouvert. Je me suis présenté et lui ai demandé si elle était d’accord pour que je revienne chez elle avec un cadeau. » Sa proposition fait la joie de l’enfant, prénommée Keziban, qui accepte rapidement une autre visite.
Au cours des quelque quarante années qui suivent, cette émotion se voit démultipliée. Portée par l’association Les Disciples et nourrie par des bénévoles et donateurs de toute l’Alsace, l’action de Noël permet de visiter jusqu’à 2500 enfants au sein d’environ 550 familles strasbourgeoises, lors de certaines éditions. Parmi les petites mains au service de ce projet, Sophie Bachschmidt, professeure de mathématiques au Gymnase Jean Sturm présente lors de la première rencontre, et Geneviève Diss, ancienne professeure de religion au collège de Truchtersheim. Autrefois collègues, les deux femmes ont toutes deux proposé à leurs élèves de participer à Osons croire ensemble. « C’est une façon de les sensibiliser au partage », explique la première. « Cette action a toujours été très appréciée des élèves. Les enfants sont généreux, ils aiment donner », ajoute Geneviève Diss, désormais à la retraite. C’était aussi une manière de redonner du sens à Noël.
Un click and collect adapté à la situation sanitaire
Sophie Bachschmidt a même mis son établissement à contribution en délocalisant l’empaquetage des cadeaux à Jean Sturm. « Avant, les gens amenaient leurs dons au foyer de l’église protestante de Cronenbourg cité. Les salles étaient remplies de jouets », se souvient Gérard Haehnel. Même chose au sein de la cantine de Jean Sturm, où les piles de cadeaux s’amoncèlent l’après-midi de préparation des paquets. Une soixantaine d’élèves s’attelaient à la tâche avant la crise sanitaire. « On était un peu l’atelier du père Noël », se souvient Molly Martzloff, élève au Gymnase.
La pandémie a toutefois obligé les bénévoles à s’adapter. Les élèves ont mis en place un système de click and collect qui permet de choisir en ligne un cadeau pour un enfant, d’aller le chercher, et de réaliser l’empaquetage chez soi. Ne reste plus ensuite qu’à le distribuer. La tournée des bénévoles est le moment le plus attendu de l’action de Noël. Par les enfants « qui regardent avec impatience les petits groupes sillonner le quartier des sacs de cadeaux à la main », témoigne Akila Bouchakour, mère de famille habitant Cronenbourg, mais aussi par les jeunes extérieurs au quartier qui viennent remettre les cadeaux.
« Ce n’est pas une simple distribution de dons, détaille Gérard Haehnel. C’est un moment d’échange. Les familles ouvrent leurs portes. » « Je les attends avec du café et des gâteaux », confirme en souriant Akila Bouchakour. « Les jeunes restent jouer avec les enfants après le goûter. Des liens se créent », détaille de son côté Hakima Lakhyar, une autre habitante du quartier, qui explique que ce temps particulier a manqué aux plus jeunes l’année dernière. En raison de la crise sanitaire, la distribution porte à porte a en effet été remplacée par un moment convivial au foyer protestant de Cronenbourg cité permettant aux familles de retirer les cadeaux. « On espère pouvoir revenir à la rencontre cette année ou les suivantes, conclue Sophie Bachschmidt. Sinon, on perdra vraiment quelque chose de l’esprit d’Osons croire ensemble. »
Anne Mellier