Anne-Marie Heitz-Muller, 43 ans et Nicolas Brulin, 37 ans ont été ordonnés le 24 octobre. Entretien.
Qu’est-ce qui vous a amené au ministère pastoral ?
Nicolas Brulin (N.B.) : J’ai eu la chance de recevoir un appel très clair à aller en théologie alors que rien ne me préparait à faire des études universitaires. Après un bac technique, j’ai d’abord fait un BTS microtechnique puis travaillé quelques années en Suisse et en France. Au bout d’un moment, je me suis interrogé sur ce que j’étais en train de faire de ma vie. Et c’est là que je me suis senti appelé par Dieu.
Anne-Marie Heitz-Muller (A-M.H-M.) : Je crois que je me suis toujours sentie appelée, mais je suis assez têtue et je n’ai pas voulu aller tout de suite là où on voulait que j’aille. Après avoir soutenu ma thèse de doctorat en théologie en 2005, j’ai travaillé dans le milieu ecclésial et associatif. J’avais besoin de me sentir utile. Le déclencheur, pour moi, a été un projet d’entreprise pour lequel toutes les portes se sont fermées les unes après les autres. En me tournant vers l’Église, elles étaient grandes ouvertes. Pour la première fois de ma vie, je me sens à ma place, là où je dois être.
Comment imaginez-vous investir la fonction pastorale ?
A-M.H-M : J’ai envie de l’investir par l’écoute, une part du ministère dans laquelle je me retrouve particulièrement. Je pense par ailleurs que nous devons être porteurs d’un message d’Espérance et d’accueil inconditionnel.
N.B. : Si je peux apporter quelque chose par mon ministère, c’est peut- être une réflexion globale de là où nous pouvons aller ensemble. À la base, je suis quelqu’un de plutôt timide mais je pense que cela peut-être un atout pour investir cette fonction. Cela permet de laisser de la place à tous.
Quel est votre regard sur le ministère pastoral au sein de l’Église aujourd’hui ?
A-M.H-M. : On a longtemps vu le pasteur comme un animateur. Cette crise du Covid nous a montré que c’était sans doute une vision dépassée. Aujourd’hui, les gens attendent un accompagnement plus personnel concernant ce à quoi ils sont confrontés dans leurs vies spirituelles et personnelles. Je pense qu’il ne faut pas arriver avec des projets de paroisse tout faits, mais s’adapter aux situations et faire preuve d’humilité.
N.B. : Oui. J’irais même jusqu’à dire qu’il faut apprendre aux paroissiens à vivre sans pasteur. Si nous arrivons avec un projet, tout s’écroule quand on repart. Il ne tient dans le temps que si tout le monde s’y intéresse et s’y investit. Cela nous rappelle que l’Église, c’est nous, tous ensemble.
Propos recueillis par Anne Mellier