En Alsace et en Moselle, les établissements scolaires publics proposent une heure d’enseignement religieux par semaine, du CP à la terminale. À Strasbourg, un service de l’Uepal accompagne la formation d’intervenants et professeurs de cette discipline singulière.

Comment vivaient les enfants au temps de Jésus ? Quelles étaient les pratiques israélites d’alors ? Dans quel contexte historique s’inscrit la vie du Christ ? Autant de questions abordées dès le CM1 lors des cours d’enseignement religieux protestant. En terres concordataires, le droit local oblige les établissements publics à dispenser des cours d’éducation religieuse dès lors que cinq élèves y sont inscrits. Trois options sont proposées : des séances de culture religieuse catholique, protestante ou israélite.
« Tous les élèves reçoivent l’offre : on demande aux parents dans quelle confession ils veulent inscrire leurs enfants, détaille Catherine Ulrich, responsable du primaire au service d’enseignement religieux de l’Uepal. Il y a des parents catholiques qui choisissent d’offrir à leurs enfants un enseignement protestant. D’autres qui n’ont pas de confession particulière mais qui souhaitent donner à leurs enfants le bagage d’une culture religieuse. »
« La catéchèse appartient aux paroisses »
Car l’enseignement religieux n’est pas une catéchèse. Cette dernière « appartient aux paroisses » tandis que le premier a sa place à l’école, en tant qu’espace d’ouverture et de discussion sur les différentes cultures religieuses. « Les professeurs d’enseignement religieux sont ceux qui abordent le plus la question de la laïcité », explique Dominique Gounelle, en charge du secondaire au sein du même service. « Pour autant, nous n’évitons pas les questions de sens, les questions existentielles… Nous les accueillons de manière ouverte, dans le respect des convictions de chacun. Nous ne valorisons pas une expression de foi plus qu'une autre. Il s’agit au contraire de respecter la manière dont les élèves s’inscrivent dans d’éventuelles pratiques religieuses. » La matière vise également à « encourager un certain esprit critique, dans tous les sens du terme, poursuit Dominique Gounelle. L’enseignement religieux est quelque chose d’assez génial, un espace où les élèves peuvent discuter de religion, de foi, avec un adulte compétent, sans distinction d’appartenance. On voit parfois émerger des échanges assez forts. » Et si les intervenants suivent un programme validé par l’Éducation nationale, ils savent prendre un temps dédié quand de grandes questions apparaissent. Violence, deuil, amitié, rapport au corps… « Parfois, on leur tend un peu la perche », sourit celle qui est par ailleurs intervenante. « Mais c’est assez extraordinaire de pouvoir avoir ces échanges sur de grandes questions de vie dans le cadre protégé de l’école. »
Manque d’intervenants
Malgré cela, l’enseignement religieux est aujourd’hui en déclin. Cet enseignement n’est plus suivi que par environ 50% des élèves du primaire en Alsace- Moselle et 15 à 20% des élèves du secondaire. Aux origines du phénomène : la sécularisation de la société et la raréfaction des intervenants de religion. « Chaque année, nous avons des classes qui ferment faute d’enseignants », regrette Ove Ullestad, responsable du service d’enseignement religieux de l’Uepal. Ce service accompagne cependant celles et ceux qui souhaitent devenir intervenants. La formation dure deux ans, inclut un diplôme universitaire à la faculté de théologie protestante de Strasbourg et permet d’enseigner la matière en étant rémunéré par l’Éducation nationale en tant que vacataire. Avis aux bonnes volontés.
Anne Mellier
Service protestant de l’enseignement religieux
03 88 25 90 35
sper@uepal.fr